Comment optimiser sa reprise de dressage avec Nicole Favereau ?
Rigueur, équilibre, souplesse et précision sont les maîtres mots en dressage. Si cela est un cauchemar pour certains cavaliers, le dressage est inévitablement à l’origine d’un couple cavalier/cheval qui fonctionne. Dresser est indispensable pour performer, qu’importe la discipline que l’on pratique.
Afin de tirer profit de votre prochaine compétition ou tout simplement de votre prochain entraînement, Nicole Favereau, cavalière internationale de dressage, vous révèle ses secrets pour une reprise optimisée.
Table des matières
#1 Comment travailler sa reprise à la maison.
Vous êtes vous déjà demandé s’il fallait répéter sa reprise tous les jours avant un concours ? Ou, au contraire, ne travailler que des figures isolées ?
La réponse de Nicole : Tout dépend du moment de la saison. En effet, il est important de ne pas bassiner votre cheval avec la même reprise durant 9 mois. Il en perdrait sa coopérativité.
a) Diviser sa reprise en plusieurs enchaînements.
La clé est alors de découper votre reprise en différenciant vos différents enchaînements. Vous pouvez réaliser vos figures dans l’ordre, comme dans le désordre, le but reste toujours le même : réussir un enchaînement de 2 figures.
Si vous réussissez à enchaîner chaque figure de la reprise avec celle qui la suit, le plus dur est fait !
Chez Equisense, on compare souvent un cavalier de dressage à un musicien jouant une partition. Il peut la maîtriser sur le bout des doigts, tout en s’amusant à varier la mélodie. Pour le dressage c’est pareil, un cavalier doit être capable d’enchaîner sa reprise telle qu’elle tout en pouvant la varier à chaque instant. Cela permettra de garder votre cheval à l’écoute.
Exemple : Les lignes ou serpentines avec changements de pieds.
Le changement de pied est un exercice qui peut vite agacer nos compagnons. Un coup pied droit, un coup pied gauche. C’est à ne plus rien comprendre.
Pour casser la routine, et rafraîchir le cerveau en ébullition de votre cheval, n’hésitez pas à remanier l’exercice en ne demandant pas à chaque fois le changement de pied. Une façon de travailler le contre galop tout en gardant votre cheval disponible.
b) Ne pas dérouler les mouvements en entier.
A l’entraînement, le cavalier de jumping n’enchaîne que rarement un parcours à 12 obstacles. Plusieurs alternatives s’offrent en effet à lui : il peut choisir de franchir des combinaisons, des obstacles isolés, des lignes aux différents contrats de foulées.
En dressage c’est pareil ! Nicole Favereau vous conseille de réaliser des enchaînements de figures à des allures différentes. Utilisez sans modération les transitions et fixez-vous des repères à des endroits précis de la carrière.
Important ! Il n’est pas toujours utile de réaliser les mouvements en entier. S’entraîner c’est bien, mais le faire sans épuiser votre cheval, c’est mieux. Il n’est pas utile de dérouler à chaque séance sa reprise, cela devient même contre-productif, parfois seules quelques foulées de l’exercice demandé suffisent. La pertinence de l’exercice choisi et l’écoute de votre cheval vous permettront de progresser à vitesse grand V.
Conseil de Nicole : Se faire dicter une reprise
“Pour entraîner un cavalier à dérouler, on peut lui dicter une reprise qu’il ne connaît pas ou inventer une reprise à sa portée. C’est très formateur, car le cheval doit être tout de suite prêt, on peut voir s’il est prêt à tout faire à n’importe quel moment.”
#2 La clé du succès : une bonne détente.
Chaque cheval est différent. Pour certains, il suffit simplement de les marcher et de procéder à une détente habituelle, quand d’autres auront besoin de tout un rituel. Certains cavaliers ont alors opté pour des massages aux huiles essentielles, une bonne longe ou un pacte avec le diable pour espérer que leur cheval soit exemplaire et détendu lors de la reprise.
Nicole, elle, conseille parfois de détendre certains chevaux 2 fois, en particulier les chevaux âgés, ceux qui manquent de force ou encore ceux qui présentent du stress.
a) La première détente
L’idéal ? Faire sa première détente le matin ou bien jusqu’à une heure trente avant l’épreuve. L’essentiel reste de desseller votre cheval entre vos deux détentes pour bien les différencier.
Cette détente permettra de travailler la technique tel que des changements de pieds rapprochés, les pirouettes ou tout mouvement difficile à réaliser qui pourrait stresser votre cheval avant l’épreuve.
Pour les chevaux calmes et les jeunes chevaux, il n’est pas forcément utile de réaliser cette détente au risque qu’il se fatigue plus vite, le mieux reste de les marcher.
b) La seconde détente.
La seconde détente se fait donc juste avant d’entrer en piste. Elle dure en général aux alentours de 30 minutes dont 10 minutes de pas. Les 20 minutes restantes permettent un échauffement à la fois musculaire et cardiaque.
Ce n’est donc pas un échauffement qui travaille la technique. Il permettra au cheval d’arriver dans des conditions optimales sur le carré : calme, échauffé et prêt à travailler.
Conseil de Nicole : rendre le cheval disponible.
Dans un premier temps, échauffez votre cheval en réalisant de grandes lignes droites ainsi que de grands cercles au galop. Cela permettra de faire monter le cardio progressivement et rapidement.
Second objectif de cette détente : rendre son cheval réceptif à la jambe et sur les aides de retenue sans traverser la main. Pour cela, travaillez vos incurvations et vos transitions à chaque main. Si le temps vous le permet, retravaillez quelques mouvements de façon plus facile et ample en agrandissant les figures. En piste, il n’y a plus qu’à aller dérouler !
#3 En piste !
Bien détendus, vous vous élancez sur le carré. Une fois en piste, vous vous demandez “Mais qu’est-ce que je fais là ?” Pas de stress, Nicole nous a donné quelques astuces pour vous aider à donner le meilleur.
a) Entrée / sortie
L’arrêt sur la ligne du milieu symbolise bien souvent le début et la fin de la reprise. Il n’est réalisé qu’en concours où lorsque l’on déroule.
A ce moment là très précis, le cheval doit savoir que l’épreuve commence et être à l’écoute de son cavalier. Cette première figure est la première impression que les juges auront de votre couple, pas question de la louper.
- La lettre C : L’idéal est de rentrer depuis l’extérieur de la carrière. Cela vous permettra de vous aligner au mieux sur la lettre C, qui devient à partir de ce moment votre cible. L’espace entre les oreilles de votre cheval devient alors un viseur duquel la lettre C ne doit jamais sortir.
- La rectitude: Votre cheval doit être droit et entre vos deux jambes. En tant que cavalier, votre rôle est d’anticiper le côté où votre cheval pourrait se traverser. Exemple : si celui-ci se traverse à gauche, vous devez le garder entre votre rêne droite et votre jambe gauche.
- Impulsion: Il faut avoir une bonne impulsion dès l’entrée, c’est la clé. Si votre arrêt se fait en X, pensez à prévenir votre cheval dès la lettre L, soit la lettre juste avant.
Attention : Pour l’arrêt, pensez bien que les 4 pieds doivent être complètement immobiles. Si votre cheval n’est pas complètement au carré, qu’il s’est traversé, ne cherchez pas à le faire bouger. La note d’immobilité compte ! Vous risquerez de perdre des points.
De même, à l’entraînement ne repartez pas au galop après l’arrêt. Votre cheval doit savoir que la transition montante est toujours au trot et non au galop.
Conseil de Nicole : un arrêt au carré, c’est un arrêt travaillé.
« Il vaut mieux faire beaucoup d’arrêts pour apprendre au cheval à se mettre carré et surtout éviter de le faire toujours en X. »
b) Passage des coins
Le passage des coins est crucial. Les juges y prêtent très attention. Cela révèle votre précision et comptera dans votre note. Attention : un cheval stressé coupera les coins. Il est donc important de regarder devant vous pour ajuster votre courbe. Une sortie de coin avec un cheval en équilibre et à l’écoute, vous permettra d’anticiper la figure suivante et prouvera au juge que votre cheval est au contrôle.
c) Être à la lettre
“Avant la lettre” ou bien “après la lettre” sont souvent des commentaires que l’on retrouve dans nos protocoles de dressage. En CSO, lorsque l’on franchit un obstacle, il faut être déjà prêt à franchir l’obstacle suivant en le regardant pour appréhender sa courbe.
En dressage c’est pareil ! Un mouvement en entraîne un autre. Il faut prendre toutes les infos capitales du mouvement suivant pour l’enchainer convenablement et non pas dans la précipitation.
Pour dessiner correctement vos figures, pensez à anticiper vos mouvements afin de prévenir votre cheval assez tôt pour que les enchaînements de figures soient fluides. On dit que la figure est réalisée exactement à la lettre lorsque le corps du cavalier passe devant la lettre. Si c’est avant ou après la lettre on perd un point
Attention : l’erreur la plus fréquente est lors des diagonales. Le cheval se déporte sans que l’on s’en rende compte et le cavalier arrive sur la piste plusieurs mètres avant la lettre. Soyez précis !
#4 Conclusion.
C’est déjà la fin de cet article ! Un récapitulatif s’impose.
- A l’entraînement : Rien ne sert de répéter en boucle sa reprise. On travaille par enchaînements et l’on hésite pas à casser la routine pour optimiser la performance une fois sur le carré.
- A la détente : Si l’on effectue qu’une seule détente, rien ne sert de travailler la technique. Comme le matin d’un examen, il n’est plus l’heure de réviser. De plus, cela pourrait créer de la confusion chez votre cheval.
- Une fois en piste : On souffle un grand coup et on s’occupe du tracé. La précision, c’est la clé de tout pour récolter un maximum de bonnes notes.
Un grand merci à Nicole Favereau d’avoir répondu à toutes nos questions. Si vous avez vous aussi des questions auxquelles nous n’avons pas encore répondu, posez-les nous en commentaire ! On se fera un plaisir de vous aider ou de demander à Nicole un petit coup de pouce.