Qu’est ce qui peut dégrader la symétrie de l’allure de votre cheval ?
Contrairement à une idée reçue, la symétrie de l’allure de votre cheval peut varier d’une séance de travail à l’autre, sans être pour autant synonyme de boiterie. Alors pour éviter de dégrader la symétrie de votre cheval au fil du temps, mieux vaut être informé(e) dès à présent des facteurs qui l’impactent directement !
Définition : boiterie vs symétrie
Commençons par une petite définition de la boiterie :
“La boiterie n’est pas une maladie mais un symptôme d’une perturbation locomotrice. La boiterie peut être définie comme une altération des allures normales causée par un désordre fonctionnel ou structurel de l’appareil locomoteur.” [1]
Pour bien saisir la nuance, comparons-la maintenant à la définition de la symétrie :
“La symétrie c’est la comparaison de deux demies foulées successives d’une allure symétrique (pas, trot, piaffer, passage…). Elle est souvent combinée à l’étude de la régularité qui compare les foulées entre elles.” [2]
NB : une demie foulée, par exemple, c’est le poser d’un diagonal suivi d’un temps de suspension au trot (qui va se répéter une deuxième fois pour faire une foulée complète)
Vous l’aurez compris, une boiterie induit donc généralement une diminution de la symétrie de l’allure du cheval… MAIS… qui dit diminution de la symétrie ne dit pas forcément boiterie … Et c’est là que les choses deviennent intéressantes 😉
Trois facteurs qui influencent la symétrie de l’allure
Prenons trois exemples de facteurs qui peuvent entraîner une diminution de la symétrie de l’allure, sans pour autant que ça soit une boiterie, chez les chevaux montés. Parce que oui ça change tout qu’il soit monté ou en main (histoire de compliquer encore plus la tâche …) !
D’abord, le plus simple : les figures de manèges. On n’y pense pas toujours mais le fait d’être autrement que droit dans les lignes droites crée une dissymétrie. Quand vous êtes en cercle, ne vous attendez pas à avoir une allure symétrique, elle ne le sera pas ! La taille du cercle, la qualité du sol et la vitesse à laquelle vous l’exécutez influent sur la symétrie du cheval [3][4]. C’est la raison pour laquelle notre capteur Equisense Motion ne garde que les parties où vous êtes au trot en ligne droite pour calculer la symétrie de votre cheval.
Deuxième exemple : le cavalier … Et oui, désolée de vous dire ça, mais le niveau du cavalier influe énormément sur la symétrie de l’allure du cheval monté. Une étude a notamment comparé le même cheval avec deux cavaliers de niveaux différents. Résultat : le cavalier débutant induisait une dissymétrie de l’allure alors que le cheval était symétrique avec le cavalier plus confirmé. [5] On peut présumer que c’est encore plus vrai au trot enlevé, car vous exercez une force 4 à 5 fois plus élevée sur vos étriers quand vous êtes en position ‘debout’ du trot enlevé par rapport à la position ‘assise’. [6]
Enfin, dernier exemple et non des moindres : la selle ! On ne le dira jamais assez, une selle adaptée au dos du cheval est un élément capital de la réussite sportive. En effet, une selle mal adaptée peut exercer des points de pression très importants sur le dos et induire une gène pour le cheval qui cherchera à s’en soulager en adoptant potentiellement une allure dissymétrique. Le cercle vicieux peut alors s’enclencher en entraînant une musculature asymétrique, des dorsalgies et le cheval peut alors basculer dans la boiterie. [7][8][9].
Les figures de manège, le niveau du cavalier et le choix de la selle sont donc des facteurs qui peuvent altérer la symétrie, sans qu’il y ait pourtant de pathologie locomotrice derrière (boiterie). Cependant, une baisse constante ou brutale de la symétrie de l’allure de votre cheval n’est pas à prendre à la légère, car elle peut aussi être le premier symptôme d’une boiterie ! Heureusement, notre capteur Equisense Motion sera là pour vous en informer et vous permettre de réagir à temps 🙂
A très vite pour un prochain article !
Camille Saute
Responsable R&D chez Equisense
Références :
[1] BACK W., CLAYTON H., Equine Locomotion, 2nd Edition, Elsevier, 2013
[2] BIAU S., Contribution à l’expertise de la locomotion du cheval de dressage par une méthode accélérométrique, Thèse de doctorat, Université de Poitiers, France, 2002
[3] CHATEAU H., CAMUS M., HOLDEN-DOUILLY L., et al. Kinetics of the forelimb in horses circling on different ground surfaces at the trot. Vet. J. 198, Suppl. 1, e20-e26, 2013.
[4] RHODIN M., ROEPSTORFF L., FRENCH A., et al., Head and pelvic movement asymmetry during lungeing in horses with symmetrical movement on the straight. Equine Vet. J., Vol 48, n°3, pp. 315-320, 2016
[5] BIAU S., Interaction biomécanique entre le cavalier et son cheval – Etude bibliographique, XIIe colloque de l’Ecole Nationale d’Equitation – Posture du cavalier et posture du cheval, Saumur, 2008.
[6] VAN BEEK F. E., DE COCQ P., TIMMERMAN M. et MULLER M., Stirrup forces during horse riding: a comparision between sitting and rising trot, Vet. J., vol. 193, pp. 193-198, 2012.
[7] GREVE L. et DYSON S., The horse-saddle-rider interaction, Vet. J., vol. 195, pp. 275-281, 2013.
[8] DE COCQ P., VAN WEEREN P. R. et BACK W., Effects of girth, saddle and weight on movements of the horse, Equine Vet. J., vol. 36, n° 8, pp. 758-763, 2004.
[9] PEHAM C., LICKA T., SCHOBESBERGER H. et MESCHAN E., Influence of the rider on the variability of equine gait, Human Movement Science, vol. 23, pp. 663-671, 2004.