9 indices pour reconnaître et traiter la maladie de Cushing chez le cheval
La maladie de Cushing chez le cheval touche un quart des chevaux de plus de 15 ans. Et si le vôtre en était atteint ? Je vous explique ici en quoi cette maladie consiste, comment la détecter et comment gérer un cheval qui en est atteint. C’est parti pour un tour d’horizon sur le Cushing du cheval !
On parle souvent des jeunes chevaux ou des chevaux adultes sur le blog mais rarement de nos petits papys en retraite. Pourtant, certains d’entre vous ont encore le vieux poney de leurs débuts en tant que cavaliers ou le vieux cheval avec qui ils ont partagé les premières sensations en concours. C’est donc ici l’occasion pour nous de vous sensibiliser à cette maladie qui touche de plus en plus de chevaux.
Table des matières
- C’est quoi cette maladie ? 🤔
- Comment ça marche ? 🧐
- 9 symptômes pour reconnaître la maladie de Cushing chez le cheval 😳
- Comment être sûr que c’est bien un Cushing ?
- Y-a t’il un traitement pour le Cushing du cheval ? 💊
- Comment améliorer la qualité de vie des chevaux atteints de la maladie de Cushing ?
- Peut-il en guérir ?
C’est quoi cette maladie ? 🤔
La maladie ou syndrome de Cushing est une maladie endocrinienne. Cela veut dire qu’elle touche un organe qui sécrète des hormones. C’est une maladie dégénérative à évolution lente. En particulier, c’est une maladie qui touche l’hypophyse (glande située dans le cerveau).
C’est une pathologie courante du vieux cheval qu’on rencontre de plus en plus fréquemment. Pourquoi ? Parce que ces 25 dernières années, l’amélioration des soins médicaux a induit une forte augmentation du nombre de chevaux âgés. C’est la raison pour laquelle cette maladie prend de plus en plus d’importance.
Bien que quelques cas aient été décrits chez des chevaux entre 7 et 10 ans, la grande majorité des chevaux atteints ont plus de 15 ans et la moyenne se situe vers 20 ans. Plusieurs études épidémiologiques ont été conduites dans différents pays et on peut considérer que la prévalence (pourcentage de cas de maladies pour une population déterminée) dans l’espèce équine sur les chevaux de plus de 15 ans est de 25 à 30%. Et oui, ça fait beaucoup !
Comment ça marche ? 🧐
Allez courage, un tout petit peu de biologie pour bien comprendre la cause de cette maladie.
C’est l’ensemble de ces mécanismes et molécules qui provoquent les symptômes.
A noter : le syndrome de Cushing est bien plus connu chez le chien que chez le cheval (vous en avez peut-être entendu parler). Mais il ne s’agit pas du même mécanisme d’action. En effet, le Cushing du chien touche une autre partie de l’hypophyse appelée “pars distalis”. C’est pourquoi les symptômes sont si différents. Et c’est aussi la raison pour laquelle on délaisse de plus en plus le terme de “maladie de Cushing du cheval” pour parler de DPIH (Dysfonctionnement de la Pars Intermedia de l’Hypophyse).
9 symptômes pour reconnaître la maladie de Cushing chez le cheval 😳
La maladie de Cushing chez le cheval présente de nombreux symptômes. Du coup, elle est relativement facile à identifier, même pour vous en tant que propriétaire. Pas besoin d’être armé d’un stéthoscope et d’un kit de prise de sang.
Voici un petit aperçu de ce qui doit vous interpeller :
L’hirsutisme 🐻
Vous voyez Chewbacca dans Star Wars ? Ben c’est ça !
Votre cheval présente un poil anormalement long et frisé quelle que soit la saison (type Baudet du Poitou). Dans les cas plus précoces, on peut observer un retard de mue, une mue incomplète ou la décoloration des poils.
Ce symptôme est présent dans 77% à 100% des cas [Frank et al. 2006]. Surtout, aucune autre maladie n’est à l’origine d’un tel symptôme chez les chevaux. Bon, hormis la malnutrition qui est fort heureusement rare dans nos contrées. Donc si votre vieux cheval présente ce signe, vous êtes sûr à 90% qu’il s’agit bien du syndrome de Cushing [Frank et al. 2006] !
Hyperhydrose 😅
Cela signifie “sudation excessive”. C’est dû à l’hirsutisme bien entendu mais pas uniquement. En effet, cela persiste après la tonte. On pense à un accroissement du métabolisme comme complément d’explication.
Fourbure 👣
La fourbure a été observée dans 24 à 82% des cas (selon les études) [Tamzali 2012]. Le problème, c’est que la sécrétion excessive de bêta-endorphines (voir schéma plus haut) diminue la douleur ressentie et risque de vous faire passer à côté du symptôme. En effet, c’est une molécule naturelle qui a un effet analgésique et procure même une sensation de bien-être (vous en synthétisez quand vous faites du sport). Des études suggèrent que 80 à 90% des fourbures chroniques sont d’origine endocrinienne ! [Ireland et al. 2012] [Karikoski et al. 2011]
Polyuro-polydypsie
Non, ce ne sont pas les cousins des Télétubbies. Ca signifie que votre cheval a soif, boit beaucoup et donc urine beaucoup. Ce symptôme est présent dans 30% des cas mais c’est assez dur à objectiver.
Léthargie
Votre cheval semble triste et fatigué. ☹️
Amaigrissement et fonte musculaire
Elle est présente surtout sur la ligne du dos, et peut être facilement confondue avec la fonte musculaire liée à l’âge. On observe aussi une perte de tonus de la sangle abdominale : on appelle ça un “abdomen penduleux”.
Distribution anormale des graisses
Dans 15 à 30% des cas, des dépôts de graisse peuvent apparaître au niveau des salières, du chignon, au dessus de la queue ou en région périnéale.
Infections fréquentes
Votre cheval est plus sensible aux infections cutanées (teigne par exemple), aux infections dentaires et sinusales, aux abcès de pied et aux pneumonies. Malheureusement, ces infections peuvent passer inaperçues car il est moins sensible à la douleur (rappelez-vous : encore un coup des bêta-endorphines !) et que sa fonction immunitaire est altérée (donc les signes cliniques peuvent être moins visibles). Ces chevaux sont également plus sensibles aux parasites.
Infertilité
Les juments atteintes peuvent montrer des cycles œstraux anormaux, ainsi qu’une baisse de fertilité.
En savoir plus : Mais pourquoi les juments ont-elles des chaleurs et pas des règles ?
Retenez que la présence d’hirsutisme ou l’association de 3 autres symptômes cités ci-dessus doivent vous mettre la puce à l’oreille.
Comment être sûr que c’est bien un Cushing ?
Si vous avez le moindre doute, appelez votre vétérinaire traitant, celui-ci sera à même de poser le diagnostic. L’essentiel du diagnostic est clinique, c’est à dire que le vétérinaire va regarder votre cheval des pieds à la tête. Bien souvent cette observation lui suffira à poser un diagnostic et à mettre un traitement en place. En fait, les examens sanguins de routine ne permettent pas d’orienter le diagnostic. Par contre, il existe de nombreux tests spécifiques (plus ou moins précis) qui peuvent aider votre vétérinaire à confirmer son diagnostic s’il a un doute.
Y-a t’il un traitement pour le Cushing du cheval ? 💊
Si le diagnostic est confirmé, votre vétérinaire va peut-être mettre en place un traitement à base de Pergolide de mésilate : PRASCEND ND. Ce médicament a une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) vétérinaire depuis 2012. Ce traitement se prend à vie. La dose est à adapter en fonction de la réponse : à vous de bien observer votre cheval et de voir avec le véto comment adapter la dose quotidienne.
Vous commencerez à voir les améliorations au bout de 4 à 6 semaines. Parfois, c’est spectaculaire : vous avez l’impression que votre cheval a retrouvé sa jeunesse ! On constate une efficacité avec amélioration clinique dans environ 75% des cas. Ca vaut donc le coup d’essayer, surtout qu’il y a relativement peu d’effets secondaires. Le plus fréquent (1 cheval sur 3) est une anorexie (diminution de la faim et donc de la prise alimentaire). Pas d’inquiétude, en général, c’est transitoire !
Comment améliorer la qualité de vie des chevaux atteints de la maladie de Cushing ?
En réalité, il y a pas mal de petites choses que vous pouvez faire pour améliorer le quotidien de votre cheval s’il est atteint d’un Cushing. Dites-vous seulement qu’il est plus fragile qu’un cheval normal : il faut donc le bichonner. 🐩
Voici quelques conseils :
- Vermifugez le plus souvent (3-4 fois/an) : mettez en place un planning de vermifugation adapté avec votre vétérinaire.
En savoir plus : 4 choses que vous ignorez sur les vermifuges pour les chevaux
- Vaccinez le deux fois par an au lieu d’une.
- Offrez lui une bonne hygiène de vie : box propre, affaires propres, confort etc
- Donnez lui une bonne alimentation, équilibrée.
- Curez lui régulièrement les pieds et faites le parer ou ferrer selon ses besoins. L’idée, c’est d’éviter les abcès de pieds.
En savoir plus : « Pas de pied, pas de cheval ! »
- Tondez le s’il présente de l’hirsutisme
En savoir plus : Doit-on tondre son cheval ?
- Couvrez le quand il fait froid.
En savoir plus : Comment apprendre à son cheval à dire s’il veut une couverture en 3 étapes
- Faites le voir par le dentiste deux fois par an au lieu d’une.
De manière générale, soyez plus vigilant. Surveillez son entrain, sa température rectale, la propreté de ses naseaux et l’odeur qu’il dégage… Si vous avez le moindre doute : “allô Docteur !”.
Peut-il en guérir ?
Non, vous l’avez déjà compris. Il s’agit d’une maladie dégénérative donc qui se poursuivra jusqu’à la fin de la vie de votre cheval. Fort heureusement, c’est une maladie qui n’entraîne que rarement la mort. En revanche, la maladie de Cushing chez le cheval réduit la qualité de vie et peut conduire à l’euthanasie d’animaux en fin de vie pour des raisons humanitaires, à cause d’infections récurrentes ou bien de la douleur occasionnée par la fourbure.
J’espère que cet article vous sera utile. A bientôt 👋🏻
Marine Slove
Vétérinaire et directrice produit
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