“Le n°1: l’oxer rouge, le n°2: le vertical bleu, le n°3 la combinaison, le n°4 … Où est le 4 ?” 

Retenir un enchaînement de douze obstacles, dans un temps limité, n’est pas chose aisée. Avec le stress du concours et les différentes interactions de l’environnement, il est parfois difficile de se concentrer lors de sa reconnaissance et de retenir toutes les informations nécessaires pour terminer son parcours sans faute dans le temps. 

Pour vous aider, notre cavalière française de saut d’obstacle Camille Condé Ferreira, vous révèle sa technique pour réussir votre reconnaissance et ne plus oublier le numéro 12. 

Son premier conseil ➡️  avoir le temps de reconnaître deux fois le parcours.

La 1ère reconnaissance : le terrain & la technique

Avant le début de la reconnaissance, la première astuce de Camille est d’essayer de deviner le parcours, cela vous permettra de vous faire une idée de ce qui vous attend. Si vous n’avez pas le temps, pas d’inquiétude, cela ne reste que du bonus.

1. Le terrain

Le but de ce premier tour d’horizon est de réaliser l’enchaînement du parcours au complet, du numéro 1 au numéro 12. Le mieux est de le faire accompagné de votre coach afin de bénéficier de ses précieux conseils. Il vous donnera tous les éléments clés pour réussir au mieux votre enchaînement en tenant compte de votre cheval et des difficultés du parcours.

• Les cellules de départ et d’arrivée :
  Pour commencer, vous devez repérer les cellules de départ et d’arrivée. En effet, dans le feu de l’action vous pourriez couper trop tôt votre virage pour aller sur le numéro 1, et risquer l’élimination. Pour le dernier obstacle du parcours, cela vous ferait perdre un temps précieux, vous faisant chuter dans le classement.

• La nature du terrain :
  Il est également important d’observer les détails du terrain et sa nature pour réaliser un bon parcours.  Le terrain est-il en herbe ? N’oubliez pas vos crampons ! Le terrain est-il profond ? Cela demandera plus d’efforts à votre cheval. Présente-t-il des flaques d’eau qui pourraient le déconcentrer ? Ou encore possède-t-il une forte inclinaison ? Auquel cas il faudra se méfier pour ne pas être emmené par la vitesse dans les descentes, et le manque d’impulsion dans les remontées. 

💡 T I P S :
La taille de vos crampons dépendra de la qualité de la piste en herbe : Sa fermeté et le taux d’humidité du sol. Si le terrain est assez souple mais peu profond, vous pourrez choisir des crampons à bout carré. Au contraire, si le sol est assez ferme, mieux vaut opter pour des crampons obus qui auront une meilleure pénétration dans le sol. 

• Le contrat de foulées :
  Comptez les contrats de foulées envisageables avec votre coach. Suivant l’amplitude de votre cheval et l’abord que vous souhaitez faire à l’entrée, le nombre de foulées ne sera pas le même, c’est pourquoi il est utile d’étudier les différents abords possibles.
  
  À lire aussi : l’analyse des l’enchaînements avec votre Motion One ou Sport.

Prenons un exemple : Si la cadence de votre cheval accélère à l’abord d’une ligne, celui-ci réalisera une foulée plus longue pour franchir l’obstacle.  À la réception son poids sera inégalement réparti vers ses épaules, ce qui provoquera un déséquilibre vers l’avant, vous devrez donc le redresser et le ralentir afin que celui-ci rentre dans le contrat de foulées.

 À l’inverse, si vous avez une perte de cadence à l’abord de l’obstacle, il faudra engager le cheval afin que celui-ci ait une foulée plus adaptée et l’énergie suffisante pour sortir de la ligne. 

Néanmoins cette partie du parcours peut être difficile à prévoir au moment présent, il est possible que votre cheval en ait décidé autrement, et il faudra alors s’adapter à ses foulées assez rapidement.

• Les virages :
  Le tracé de vos virages est également une partie importante de votre reconnaissance : plutôt serré ou évasé, il définira l’abord de vos obstacles et pourra vous faire gagner de précieuses secondes. Attention à ne pas être trop gourmand, vous risqueriez d’avoir un refus, ou bien de faire tomber la barre.
  
  À vous d’évaluer si la décision que vous souhaitez prendre est la plus adaptée à l’épreuve.  Sur une épreuve de vitesse, il est préférable de prendre des virages serrés, mais ce qui peut engendrer une perte de cadence et d’impulsion à l’abord. Il faut donc anticiper suivant les conseils de votre coach et agir en temps voulu en fonction de votre cheval.

💡 T I P S :
Dans les lignes ou les combinaisons il est important de savoir quel est le nombre de foulées entre chaque obstacle. Cela déterminera comment aborder l’entrée du premier obstacle.

Deux astuces  : 

– Mesurer le nombre de foulées en pas : quatre pas correspondent à une foulée de votre cheval 

– Mesurer le nombre de foulées en mètres : un pas est égal à un mètre.
2 foulées : entre 10 et 11 mètres
3 foulées : entre 14 et 15 mètres
4 foulées : entre 17 et 18 mètres
5 foulées : entre 21 et 22 mètres

Retrouvez notre article de blog pour en savoir plus sur les distances à mettre entre les barres au sol et les obstacles.

La deuxième étape : La tactique

Le tracé et la technique de votre parcours étant définis, il est nécessaire de vous concentrer sur la tactique de votre parcours et d’exposer les différentes options envisageables. Quel est le barème ? Sur quel obstacle mon cheval pourrait-il dérober ? À quel endroit du parcours pourrais-je gagner du temps ? 

Le but de cette seconde reconnaissance est de s’immerger dans le parcours, de vérifier vos contrats de foulées, vos choix d’options et surtout de vous concentrer. 

💬 Camille Condé Ferreira : “J’aime faire un deuxième tour seule : pour les lignes et l’endroit où je peux avoir un doute, et ainsi confirmer mes choix. C’est très intéressant de visionner le parcours une deuxième fois seule, sans avoir des interférences d’autres cavaliers ou du coach, pour se mettre en immersion totale dans le parcours”

Le type d’épreuve

Quelle est votre épreuve ? Préparatoire ? Grand prix avec chrono ou optimum ? Ou bien vitesse ?  Pour vous assurer la victoire dans certaines catégories, il vaut mieux éviter de prendre des risques inutiles, et prioriser le sans faute au chrono. Au contraire, d’autres épreuves ne vous laisseront pas le choix que de vous méfier du temps. Elles vous obligeront à repérer les options afin de gagner de précieuses secondes, sans vous mettre en difficulté ou risquer des efforts inutiles à votre cheval. 

Les pièges :

Enfin il est nécessaire de prendre en compte les pièges qui pourraient surprendre votre cheval : des obstacles aux couleurs trop voyantes, des soubassements trop imposants qui risqueraient de décourager votre cheval. Méfiez vous des obstacles isolés positionnés près d’un stand ou à côté du speaker, cela pourrait déconcentrer votre cheval et lui provoquer une réaction différente à cet endroit du parcours. Allez lui montrer avant la sonnette de départ. Surveillez la distance avec le numéro 1 car vous ne disposez que de 30 secondes pour passer la cellule de départ dès que la cloche retentit. 

Si vous avez assez de temps, n’hésitez pas à observer vos concurrents. Vous pourrez confirmer vos choix techniques et remarquer de nouveaux pièges que vous n’aviez peut-être pas repérés au préalable. 

Après le parcours :

Sans faute ou non, la fin de votre parcours reste une expérience très enrichissante pour vous et pour votre cheval. Le mieux est de réaliser alors une analyse de votre enchaînement dans un premier temps “à chaud” : votre ressenti, les erreurs et les bonnes initiatives. Puis de débriefer vos impressions dans un second temps avec votre coach et une analyse vidéo, afin de pouvoir visualiser vos actions.

En conclusion :

Il ne faut en aucun cas négliger sa reconnaissance et bien entendu un obstacle du parcours. De la combinaison au simple vertical, vous devez toujours rester présent, anticiper et être prêt à réagir sur votre tour. 

💡 Moyen mnémotechnique, pensez à la règle des 3 T : Terrain, Technique et Tactique