2 min pour comprendre le Tildren ® et les bisphosphonates chez le cheval
C’est le troisième et dernier petit article sur les traitements des pathologies articulaires et osseuses. Après avoir parlé des infiltrations et de la mésothérapie, parlons des bisphosphonates. Mais si, vous savez ce que c’est ! Je parle de molécules comme le tiludronate disodique (Tildren ®) ou le clodronate disodique (Osphos ®). Ah ben vous voyez que vous connaissez 😉
Mis à jour le 14 juin 2018
1️⃣ Premier article : 2 min pour comprendre les infiltrations chez le cheval
2️⃣ Second article : 2 min pour comprendre la mésothérapie chez le cheval
Les bisphosphonates, en bref, comment ça marche ? 🧐
En fait, les bisphosphonates sont utilisés depuis plus de quarante ans en médecine humaine. Ils ont la capacité d’inhiber la résorption osseuse. Or, cette caractéristique a des applications très intéressantes sur le cheval ! 🐴 En effet, comme vous le savez, les problèmes locomoteurs sont une cause majeure de baisse de performances. Et parmi ces affections, les boiteries à composante osseuse (notamment la maladie naviculaire et éparvin) sont fréquemment incriminées.
📚 En savoir plus : Ces 4 points vous aideront à bien gérer l’arthrose de votre cheval
L’apparence anatomique de l’os ne change pas beaucoup au cours de la vie du cheval. Pourtant, il est en renouvellement permanent ! Ce processus s’appelle le remaniement osseux. En fait, l’os change ses caractéristiques internes sans altérer sa morphologie. Ainsi, l’os ancien est remplacé par de l’os « neuf » en quantité égale ! Comme si vous changiez les tuiles de votre toit au fur et à mesure ! 🔧
Toutefois, lors de contraintes biomécaniques répétées (pour un cheval pratiquant le sport ou la course par exemple), il peut y avoir un déséquilibre entre la résorption et la formation osseuse. Cela mène à ce qu’on appelle une ostéolyse (destruction du tissu osseux), responsable d’une douleur osseuse et donc d’une boiterie. C’est comme si vous ne remplaciez pas certaines tuiles de votre toit ! ☔
Le processus de remodelage osseux
Schématiquement, le processus de remodelage osseux s’effectue en 2 phases :
- Résorption osseuse par des cellules appelées “ostéoclastes”. Ils viennent dissoudre la partie minérale de l’os et détruire sa partie organique.
- Formation osseuse par des cellules appelées “ostéoblastes” (je sais, les deux noms se ressemblent à une lettre près). Eux, ils colonisent le site de résorption et reforment de l’os. Ces ostéoblastes produisent une molécule (appelée interleukine 6) qui active les ostéoclastes et donc la « destruction » osseuse.
En gros, les ostéoclastes détruisent. Les ostéoblastes reconstruisent et préviennent les ostéoclastes qu’ils peuvent revenir détruire. 🧐
L’action des bisphosphonates
Les bisphosphonates vont avoir une double action :
- Ils vont agir indirectement sur les ostéoclastes par le biais des ostéoblastes : Les biphosphonates inhibent la synthèse d’interleukine 6 par les ostéoblastes, donc in fine l’activité des ostéoclastes.
2. Ils vont agir directement sur les ostéoclastes : ils se fixent sur l’os, préférentiellement au niveau des zones de remodelages douloureuses et ils pénètrent dans les ostéoclastes en pleine action de résorption pour les détruire.
Conséquence : les bisphosphonates diminuent l’ostéolyse (la résorption osseuse) et donc la douleur osseuse ! 🎉 Ils restent dans l’os pendant une longue période (c’est l’avantage). Par exemple, le Tiludronate a une demi-vie d’environ 300 jours. Ca veut dire que les molécules mettent 300 jours à perdre la moitié de leurs effets.
Les effets varient d’un cheval à l’autre mais traditionnellement, on observe un pic d’activité deux mois après l’injection et il faut refaire le traitement une fois par an (parfois plus, parfois moins).
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Voilà pour cette petite trilogie concernant les affections osseuses ou articulaires. J’espère que désormais vous y verrez plus clair sur ces trois types de traitements très utilisés chez le cheval.
J’espère que cet article vous a intéressé.
A bientôt 😊
Marine Slove
Vétérinaire et directrice produit
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Sources
G. Poircuitte, “Le tiludronate : mode d’action et utilisation thérapeutique dans l’espèce équine en pathologie locomotrice”, Thèse d’exercice vétérinaire Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, 2004. [En ligne] Disponible sur : http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=652
Bonjour, mon cheval a de l’arthrose avancé dans les deux jarrets.. es ce que le tildren fonctionne pour l’arthrose?
Oui absolument ! C’est exactement pour ça qu’est fait le Tildren, pour limiter la progression de l’arthrose 🙂 Et c’est redoutablement efficace !!!
Bonjour,
Je viens de découvrir que mon poulain de 2 ans a un éparvin . Un vétérinaire me conseil de traiter au Tildren pour stopper la dégénérescence osseuse et permettre une reconstruction. N’est-ce pas un peu jeune pour commencer de tel traitement?
TRES bien expliqué, merci !
Merci beaucoup pour ces explications très claires et didactiques. Pour un non spécialiste, on comprends très bien le processus de remodelage de l’os et des interactions avec les biphosphonates. Pour des injections de Tildren en perfusion, dans un objectif préventif et curatif de retardement du processus d’arthrose, je me pose la question de la durée entre deux traitements. Dit autrement, combien de temps le traitement a un effet significatif sur le cheval traité ? Merci pour cet article. Cordialement.
A titre personnel, ma jument a tenu 3 ans entre deux perfusions avant de remontrer des signes d’inconfort !
ma jument a été diagnostiquée naviculaire en novembre et a reçu depuis une ferrure inversée à renouveler toutes les 5 à 6 semaines.
cela a bien marché sur les premiers mois mais elle boîte à nouveau, malgré sa nouvelle ferrure. Cette boiterie s’améliore sous Equipalazone
mon véto m’a parlé du Tildren et de l’Osphos. j’ai lu des avis mitigés sur des sites US où ces médicaments ont été récemment approuvés.
A-t-on assez de recul pour juger de leur efficacité? Que me conseillez-vous?
Bonjour,
On commence en effet à avoir du recul sur ces médicaments et on trouve de nombreuses études à leur sujet. Certaines plus élogieuses que d’autres… Et vous trouverez toujours des avis très divergents sur internet sur ces sujets. Personnellement, j’en ai plutôt une bonne expérience sur diverses pathologies. Je vous conseille de prendre l’avis de votre vétérinaire traitant qui a sûrement une expérience de la question et sera mieux à même de vous répondre sur le cas précis de votre jument.
Bonne chance à vous.
Marine.