Tout savoir sur les 5 sens du cheval
Vous aussi votre cheval voit des fantômes dans la carrière, dans le coin du manège, et surtout en forêt ? Ne vous agacez plus, ils sont bel et bien réels ! C’est simplement que vous ne les voyez pas ! Et oui, malgré le fait qu’il ait les mêmes sens que nous, ses capacités sont très différentes des nôtres, la vue et l’audition en premier !
Décortiquons les 5 sens du cheval pour essayer de comprendre ce qui leur passe par la tête.
Table des matières
# Sens 1 : la vue
On vous avait déjà écrit un article sur la vision du cheval, je vous laisse donc le relire si vous voulez tout connaitre sur le sujet. C’est par là –> 6 questions qu’on s’est tous posées sur la vision du cheval
Pourquoi avoir commencé par la vue ? Parce que chez nous c’est le sens le plus important et le plus développé. On a donc tendance à chercher ce que notre cher compagnon a bien pu voir. Le cheval, lui, va accorder autant d’importance à ses autres sens.
# Sens 2 : l’ouïe
Après l’oeil intéressons nous à l’oreille du cheval.
On peut séparer l’oreille en 3 grandes parties [2] :
- L’oreille externe (Pavillon et Conduit auditif) : à ce moment là, le son est sous forme de vibration de l’air. Le cheval a un pavillon très mobile, ça lui permet de l’orienter dans la direction du bruit pour le capter plus facilement puis les vibrations se propagent dans le conduit auditif. (Tips : Les poils dans le pavillon permettent d’éviter que des corps étrangers pénètrent dans le conduit, il ne faut donc pas les couper)
- L’oreille moyenne (Tympan et Osselets) : les ondes sonores font vibrer la membrane du tympan puis les osselets.
- L’oreille interne (Cochlée, Vestibule, Trompe d’Eustache) : c’est la cochlée qui va permettre de transformer ces vibrations reçue de l’oreille moyenne en message nerveux qui va ensuite être transmis au cerveau pour traitement par le nerf auditif.
A part le pavillon qui est mobile chez le cheval, jusque là l’oreille de l’homme et du cheval sont les mêmes.
Quelles sont les différences entre le cheval et nous en terme d’audition ?
Je vous parlais des vibrations de l’air. En fait, plus leur fréquence est faible plus le son est grave. A l’inverse plus la fréquence est élevée plus le son est aigu. La fréquence du son se mesure en Hertz (Hz). C’est à ne pas confondre avec les décibels (dB) qui caractérisent le volume sonore (par exemple 60dB pour une conversation contre 130 dB pour un avion au décollage).
Le cheval entend les fréquences allant de 55Hz à 33 500Hz [1] (bien sûr l’audition dépend comme chez nous des individus). Chez l’Homme, la plage d’audition va de 20 à 20 000Hz [1]. Il entendra donc toute une gamme de sons aigus que nous n’entendons pas. A l’inverse, certains sons graves que l’on peut entendre ne seront pas perçus par le cheval (comme les dernières touches d’un piano 🎹).
# Sens 3 : l’odorat
Passons à l’odorat ! Il semble que ce soit l’un des sens les plus importants chez le cheval surtout à longue distance. Je dis “il semble” car il y a très peu d’études qui ont été faites sur le sujet.
Commençons par le début, comment ça marche l’odorat ?
Ce sont des petites molécules volatiles présentes dans l’air. Elles sont aspirées à l’inhalation et sont piégées dans l’épithélium olfactif par le mucus (une partie de la cavité nasale). Elles sont alors identifiées par les cils olfactifs qui envoient le message nerveux au cerveau.
En quoi l’odorat du cheval est il meilleur que celui de l’humain [5] ?
- Le cheval inspire plus d’air que nous (normal vu la taille de ses poumons)
- Ses naseaux (de chaque côté de la tête) lui permettent d’inhaler des molécules venues des deux côtés
- Il a un épithélium olfactif plus développé que le nôtre car comme celui du chien, le sien est fait de plein de plis ce qui augmente sa surface.
- Il a également un bulbe olfactif (la partie du cerveau dédié aux odeurs) également bien plus développé que le notre
En plus de l’odorat, le cheval a une corde supplémentaire à son arc : l’organe de Jacobson (ou organe voméro-nasal) qui a quasiment complètement disparu chez nous. Cet organe lui permet d’analyser les phéromones.
Ces molécules sont plus grosses et donc moins volatiles que les molécules odorantes. Ce sont des molécules comparables aux hormones (les messagers chimiques du corps). On peut les retrouver dans les urines par exemple.
Elles jouent un rôle essentiel dans l’accouplement par exemple pour permettre aux étalons de détecter une femelle en chaleur mais aussi à la jument de s’imprégner de son poulain. Quand le cheval tente d’analyser et/ou mémoriser une odeur (faute de meilleur terme) il adopte une position caractéristique que vous avez certainement déjà vue : le Flehmen
Ceci pourrait également expliquer que le cheval ressente nos sentiments ! Par exemple, lorsque nous avons peur, nous émettrions des phéromones que lui peut capter. Le cheval détectera donc bien plus d’odeurs et de phéromones que nous. Ce sera même son sens privilégié pour les longues distances.
# Sens 4 : le goût
Le goût est un sens très lié à l’olfaction. Vous l’avez certainement déjà expérimenté. Essayez de manger quelque chose en vous bouchant le nez, vous ne sentirez plus que 4 goûts : le sucré, le salé, l’amer et l’acide. Toutes les autres sensations viennent en fait de l’odorat ! Le cheval possède également les papilles qui détectent ces 4 goûts.
Si vous avez déjà observé votre cheval brouter de l’herbe, vous avez certainement remarqué qu’il la choisit soigneusement puisqu’il a à sa disposition une grande variété de goûts. C’est quelque chose qui est bien souvent perdu dans la nourriture au box.
# Sens 5 : le toucher
Et pour finir le toucher : l’un des sens principaux de la communication cheval-cavalier [5].
Tout comme le corps humain, celui du cheval a des sensibilités différentes suivant les différentes zones. Il y a d’ailleurs une expérience très intéressante à faire. Demandez à votre cobaye (humain) de fermer les yeux. Posez deux doigts écartés de 2/3 cm dans son dos et demandez lui combien de doigts il sent. Répétez l’opération sur son nez ou sa joue. Si il est normalement constitué il ne sentira qu’un doigt dans le premier cas et deux dans le second.
Chez l’humain les zones de la tête sont donc beaucoup plus sensible que celles du dos. Chez le cheval c’est la même chose avec comme zones les plus sensibles les lèvres et les vibrisses. Le cheval va donc être plus sensible à la main qu’aux jambes !
La sensibilité d’un même endroit va également être différente entre les individus, un cheval à la peau épaisse et très poilu sera moins sensible qu’un pur sang par exemple. La sensibilité tactile peut se mesurer par le test des filaments. On dispose de 4 types de filaments de diamètre croissants que l’on applique perpendiculairement au garrot l’un après l’autre. On note à quel diamètre de filament les muscles frémissent. Plus ce diamètre est gros, moins le cheval va être sensible. Deux individus différents ne vont donc pas ressentir les aides de la même façon, ce qui va donner une grande variabilité dans la réponse aux aides [1].
Le toucher semble aussi être une partie importante des relations sociales entre chevaux. On voit souvent les chevaux de gratter mutuellement le garrot par exemple.
La prochaine fois que votre cheval verra un fantôme, demandez vous ce que vos sens n’ont pas détecté ! Un son trop aigu pour nos oreilles (une chauve souris ?), une odeur inquiétante (de la fumée ?), une odeur intéressante (une femelle en chaleur ? ^^), un animal qui a peur ?
Alice MARTINEZ
Ingénieure R&D chez Equisense
Bibliographie
[1] Vidament M., Roche H., Neveux C., & Lansade L. (2017). Le monde sensoriel du cheval Sommaire. Fiche IFCE, 2017. Retrieved from http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/comportement-ethologie-bien-etre/comportement-naturel/monde-sensoriel-du-cheval.html
[2] T. Mark Neer, Ear Structure and Function in Horses, www.msdvetmanual.com
[3] LAMMERS M.O., AU W.W., HERZING D.L. (2003). The broadband social acoustic signaling behavior of spinner and spotted dolphins. J. Acoust. Soc. Am., 114, 1629-1639
[4] VAN LAERE P. L’écholocation chez les chauves souris, Université Paris 13, (2007-2008)
[5] Saslow, C. A. (2002). Understanding the perceptual world of horses, 78, 209–224.
[8] Vidament M., Dumont Saint Priest B., Hervé L., Lansade L., Tests de tempérament simplifié. Fiche IFCE, 2017. Retrieved from http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/comportement-ethologie-bien-etre/appreciation-du-comportement-et-du-temperament/tests-de-temperament-simplifies-tts.html
Illustrations :
Flehmen du cheval Par Waugsberg — own photograph, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4567105
Glasses icon created by Achille Bianchi from Noun Project
Ear icon created by Andrejs Kirma from Noun Project
Touch icon created by VectorBakery from Noun Project
Nose icon created by Xinh Studio from Noun Project
c’est très bien écrit, ludique à lire!
Très intéressant mais la vue chez le cheval n’a pas été développée
Dany, clique sur le lien ‘6 questions…’ dans la partie vue et tu auras un article très complet sur la vue
Passionnant, ça va vraiment m’aider à mieux la comprendre, merci pour nous 2
Très intéressant
Merci