Comment calculer la ration de son cheval ?
Comment être sûr que la ration que l’on donne à notre cheval est adaptée à ses besoins nutritionnels ? Comment pouvons-nous mieux objectiver l’intensité du travail afin de mieux évaluer ces mêmes besoins alimentaires ? En somme, voyons ensemble comment calculer la ration de son cheval
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Table des matières
Les unités pour calculer la ration de son cheval : l’UFC et les MADC
Avant de vous donner les clés pour le calcul de ration, il faut que nous parlions la même langue en terme d’unité, à savoir l’UFC et les MADC.
Pour quantifier nos besoins énergétiques comme nos apports alimentaires, nous les humains utilisons la calorie. Pour le cheval, un autre système a été établi par l’INRA pour calculer leurs rations : l’Unité Fourragère Cheval (UFC). L’UFC correspond à la valeur énergétique d’un kilo d’orge standard (soit 2250 kcal d’énergie nette chez le cheval à l’entretien).
Pour ce qui est des protéines, elles doivent être avant tout digestibles pour être utiles au cheval sur le plan métabolique. C’est pourquoi l’INRA a proposé un système d’évaluation des besoins et des apports protéiques en Matières Azotées Digestibles Cheval (MADC).
⚠️ La mention “protéines brutes” apparaissant sur les étiquettes des sacs d’aliments est donc insuffisante ! En effet, elle comptabilise toutes les protéines, y compris celle qui ne sont métaboliquement pas utiles au cheval !
Les besoins d’entretien et de production du cheval 🍽🐴
Le calcul de la ration de son cheval est la somme de deux « besoins »: les besoins d’entretien et les besoins de production :
⏩ Les besoins d’entretien correspondent à la dépense énergétique de l’organisme pour se maintenir en vie. Cette dernière permet d’assurer l’ensemble des fonctions vitales : respiration, digestion, élimination des déchets, thermorégulation, activités des différents organes etc. Ils dépendent du poids du cheval, mais aussi de son état corporel, de son sexe, de son tempérament, de sa santé ou même de facteurs environnementaux comme le climat.
⏩ Lorsque l’organisme est fortement sollicité (travail musculaire du cheval de sport, croissance du jeune, gestation et lactation de la poulinière), les besoins nutritionnels augmentent. On parle alors de besoins de production. Ils viennent s’additionner aux besoins d’entretien.
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C’est en raison de ces besoins de production qu’historiquement, l’Homme a commencé à nourrir les chevaux avec des céréales. Le cheval de travail et le cheval de guerre avaient une activité intense ! Il ne semble pas que leurs journées aient été très light, si vous voyez ce que je veux dire 😓.
Par conséquent, le recours aux céréales s’est imposé pour satisfaire un double objectif. D’abord augmenter les apports énergétiques. Ensuite limiter le temps de prise alimentaire. Vous imaginez bien qu’on ne pouvait pas laisser le temps à une monture de guerre d’ingérer tranquillement son foin jusqu’à satisfaire ses besoins nutritionnels avant une bataille.
En résumé, le calcul de la ration, ça se fait comme ça :
Voyons maintenant comment calculer les besoins d’entretien et de production de son cheval.
Comment calculer les besoins d’entretien de son cheval ?
Pour ça, tout est une question de … génétique 🧬
Le métabolisme de base (et donc les besoins) varie selon les races. Par exemple, les poneys ont un métabolisme de base relativement faible et ont par conséquent des besoins énergétiques relativement bas. Ils sont donc capables de se satisfaire d’un régime frugal. A l’inverse, les chevaux près du sang ont plutôt un métabolisme de base élevé avec des besoins d’entretien qui vont dans le même sens.
Ensuite, je ne vous apprends rien, nous ne sommes pas égaux… Il existe donc aussi des variations liées aux caractéristiques génétiques des individus. Ne me dîtes pas que vous n’avez jamais été agacé par cette personne qui avale nonchalamment des tonnes de nourriture et qui ne prend pas un gramme alors que vous grossissez rien qu’en regardant votre dessert 😅! Et bien, chez les chevaux, c’est à peu près pareil.
Pour connaître les besoins d’entretien de votre cheval (en UFC et en MADC), il faut donc vous référer aux tables de l’INRA qui répertorient toutes ces informations. Prenons quelques exemples avec les besoins journaliers en UFC :
UFC / jour | |
Poney | 2,1 |
Cheval de selle (500kg) | 4,1 |
Cheval de selle (600kg) | 4,8 |
Cheval de trait (900kg) | 6,4 |
Les besoins d’entretien peuvent varier également selon le mode de vie du cheval, notamment s’il vit au chaud ou s’il est au pré sans abri.
Comment calculer les besoins de production de son cheval ?
Comme expliqué plus haut, pour calculer la ration de son cheval, il faut ajouter aux besoins d’entretien les besoins de production.
Ces besoins de production sont liés à toutes les sollicitations supplémentaires : la gestation, la croissance, le travail…
Concernant nos chevaux de sport, officiellement, à chaque niveau de travail correspond un niveau de recommandations. Voici les apports alimentaires journaliers recommandés par l’INRA pour un cheval de selle de 500 kg :
Le calcul de ration est donc simple…
Ici, on voit donc que pour un cheval au travail « léger », les besoins totaux en UFC par jour seront de 4,1 UFC (entretien) + 3 UFC (production) = 7,1 UFC/j.
Voilà 🙌 Mais allons encore plus loin…
Comment estimer plus précisément les besoins de production du cheval au travail ?
La dernière difficulté quand on cherche à calculer de manière précise la ration de son cheval, réside dans la mesure de l’intensité de l’effort. En effet, vous l’avez remarqué, la table INRA ne précise que 4 niveaux d’efforts : très léger, léger, modéré et intense. C’est bien mais c’est surtout pas du tout objectif. 😅
Chez Equisense, c’est un petit casse-tête sur lequel on travaille depuis longtemps. Comment dire si son travail est léger, modéré ou intense ? En fait, la dépense énergétique du cheval au travail, donc les besoins de production ne peuvent se mesurer que grâce à un seul élément : la fréquence cardiaque. ❤️
En effet, une formule développée par des chercheurs permets de passer facilement de la fréquence cardiaque à la VO2 (le volume d’oxygène consommé) et enfin à l’énergie dépensée. Le calcul nous donne un résultat en calories, mais il est facile de transposer ça en UFC !
En mesurant la fréquence cardiaque au quotidien lors de l’entrainement, on peut donc avoir un suivi complet de l’énergie dépensée par le cheval, et donc catégoriser plus précisément le niveau d’intensité de l’entrainement, pour calculer la ration de son cheval en conséquence !
C’est exactement pour cela que nous avons développé notre dernier produit : Equisense Motion S, qui mesure, entre autres, la fréquence cardiaque et la dépense énergétique de votre cheval au travail !
💡Les 4 erreurs à ne pas commettre pour calculer la ration de son cheval
1) Ne pas tenir compte du volume de la ration
Une autre chose importante à prendre en compte, c’est la capacité qu’à votre cheval à ingérer un volume alimentaire donné. On appelle cela la capacité d’ingestion, qui correspond en fait au niveau de consommation volontaire du cheval. C’est très important car cela définit le volume global de la ration et cela détermine donc la concentration nutritive nécessaire à la couverture des besoins.
Pour vous donner une idée, chez un cheval adulte de 500 kg, elle peut varier de 8 à 12 kg de matière sèche (MS) par jour en fonction notamment de l’intensité du travail (10 kg MS en équivalent herbe de printemps = 50 kg et en équivalent foin = 12 kg !) .
C’est pour cela que pour les chevaux de sport ayant des besoins nutritionnels élevés, il faut formuler des aliments spécifiques qui concentrent les nutriments nécessaires (énergie, protéines, matières grasses, micronutriments) dans un volume alimentaire équilibré (ni trop restreint ni trop élevé).
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2) Mésestimer le fourrage
Le fourrage joue un rôle indispensable sur le confort psychique du cheval mais pas que ! Il participe aussi à la couverture des besoins nutritionnels. La difficulté ? Le quantifier !
Il est indispensable de peser le foin pour pouvoir l’intégrer dans un calcul de ration. On a souvent l’impression de mettre plus que la réalité… De plus, la qualité du fourrage pâturé (herbe) comme conservé (foin) est bien entendu très hétérogène (et fluctuante au cours de l’année), comme vous pouvez le constater (valeurs INRA) :
UFC | MADC (g) | |
Herbe printemps | 0,86 | 102 |
Herbe hiver | 0,6 | 40 |
Foin de Crau | 0,6 | 57 |
Foin peu nutritif | 0,45 | 13 |
Une analyse de fourrage permet d’obtenir ces valeurs et de s’en servir ensuite pour déterminer le complémentaire de fourrage le mieux adapté.
3) Choisir un aliment seulement en fonction de l’étiquette et des ingrédients
Lorsque les besoins en énergie, protéines, vitamines et minéraux ne sont pas totalement couverts par le fourrage, il faut choisir l’aliment le plus adapté. Souvent, le premier réflexe est de regarder les ingrédients et notamment les céréales utilisées. Pourtant, cette information n’est réellement utile que si vous ne souhaitez pas qu’un ingrédient entre dans la ration de votre cheval.
Le deuxième réflexe est de regarder l’étiquette qui contient en réalité plus d’informations réglementaires que d’informations nutritionnelles utiles. Souvent, vous ne verrez pas apparaître les UFC et les MADC !
Référez-vous alors aux fiches techniques que les fabricants mettent à votre disposition sur internet. Pour calculer la ration de votre cheval de manière optimale, n’hésitez pas à demander à votre technicien local.
4) Détourner l’usage de l’aliment
Gardez en tête qu’un aliment a été formulé pour une situation précise. Un aliment adulte ne sera pas assez riche en protéines pour une poulinière en lactation et vice versa pour un aliment élevage. A l’inverse, un aliment sport sera trop énergétique pour un cheval de club. Enfin, un aliment complémentaire de fourrage ET de céréales suppose aussi un apport de céréales dans la ration etc. Bref, respecter le mode d’emploi est le meilleur moyen d’être dans les clous d’un point de vue nutritionnel !
⭐️ L’importance des compléments minéraux
Les rations traditionnelles de nos chevaux ne sont pas parfaitement équilibrées en minéraux et en vitamines, les concentrations sont assez standards. Après avoir définie la ration de son cheval et couvert les besoins d’entretien et de production, il est important de se pencher sur les besoins en vitamines, en acide gras essentiels et minéraux de votre cheval. On distingue alors :
– les macro éléments, nécessaire en grande quantité et exprimé en grammes : calcium, phosphore, magnésium, soufre, etc. Ils permettront la croissance et le développement musculaire et osseux de votre cheval.
Les céréales apportent beaucoup de phosphore, elles sont donc à corriger afin d’apporter des apports en calcium. La luzerne, quant à elle, apporte beaucoup trop de calcium, elle est donc à corriger également. Une ration mal équilibrée en calcium et en phosphore peut exposer le cheval à des risques de blessures squelettiques.
– les oligo-éléments, sont nécessaire en plus petite quantité et exprimés en milligrammes (cuivre, zinc, manganèse, etc.) Ce sont des éléments favorisant les fonctions d’échanges dans l’organisme. Ils permettent de soutenir l’organisme et de relancer le métabolisme en cas de besoin (mue, changement de saison, maladie…). Par exemple, ils sont capables de favoriser la croissance de la corne des sabots, comme renforcer la solidité des tendons chez le cheval de sport.
Les carences en oligo-éléments peuvent entraîner un dérèglement des réactions enzymatique, c’est-à-dire qui diminue la vitesse des réactions dans le métabolisme, amenant à une grosse perte d’énergie et une impossibilité d’évacuation des toxines. Bien souvent le cuivre et le zinc manquent dans 100% des fourrages et dans les aliments également, c’est pourquoi ils sont à surveiller.
Leur équilibre dans la ration est nécessaire pour le fonctionnement de l’organisme. Le déficit et l’excès peuvent s’avérer néfastes, voire même toxique, c’est pourquoi un complément minéral doit être donné uniquement si le cheval en a besoin. Les compléments se prennent à petite dose, c’est pour cela qu’il ne faut pas complémenter au hasard. Il est important de vérifier les étiquettes des aliments, de se faire aider par des nutritionnistes ou se faire aider par son vétérinaire et procéder à des bilans ciblés et personnalisés si besoin.
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Aujourd’hui, il existe de nombreux compléments disponibles sur le marché, ciblés et adaptés aux besoins de chaque cheval. Harmonie Nutrition met en place des analyses de fourrages et leur interprétation afin de définir les besoins spécifiques de chaque individu. Afin d’apporter une alimentation plus équilibrée, et d’éviter les carences en minéraux, Harmonie Nutrition propose des complément alimentaires sur mesure en minéraux, vitamines et oligo-éléments afin d’optimiser la santé, le bien-être et les performances de nos chevaux.
👉 L’alimentation c’est 80% d’invisible
Mettre en place un programme alimentaire calculé au plus près des besoins nutritionnels de son cheval en tenant compte de son niveau de travail est un gage de longévité sportive et vitale. Comme pour nous, l’alimentation du cheval, c’est 20% de visible (éclat de la robe et des crins, corne, score corporel) mais surtout 80% d’invisible (immunité, intégrité du système digestif, fertilité, statut ostéo-articulaire etc).
Marine Slove
Vétérinaire et nutritionniste équin
Camille Saute
Cofondatrice d’Equisense & directrice R&D Equisense
Bibliographie :
[1] V. Etienne, “Chamboule-tout dans les origines des chevaux”, Communiqué de presse du CNRS, 22 fév. 2018
Icones et images :
Male Avatar by Artem Kovyazin from the Noun Project
Baby by Artem Kovyazin from the Noun Project
Weather by Lane F. Kinkade from the Noun Project