Comment choisir ses protections dans son entraînement quotidien ?
Guêtres, protège-boulets avec une coque ou deux, protections intégrales de cross, bandes polaires, bandes de travail… Les options pour protéger les membres des chevaux sont multiples.
Vous vous demandez alors quelle est la plus adaptée pour votre entrainement et pour votre cheval ? Quand devez-vous utiliser les bandes, et quand faut-il favoriser les protections à coque ? Est-il préférable d’utiliser des bandes pour un travail sur le plat et des protections coquées à l’obstacle ou est-ce juste une habitude que nous avons prise ?
Même si les protections en mouton sont plus esthétiques, sont-elles réellement bénéfiques pour votre cheval en cas de forte chaleur ? Pas d’inquiétude nous répondons à toutes vos questions.
Des scientifiques se sont penchés sur l’action des protections sur les membres des chevaux et leurs conséquences. Décryptons ensemble les résultats de ces études, et déterminons quelles sont les protections les plus appropriées lors de vos entraînements.
Pour cet article nous vous avons simplifié le travail, nous avons regroupé les différents résultats scientifiques de l’effet des protections sur les membres des chevaux et leurs conséquences.
Table des matières
1. Qu’est-ce qu’un membre ?
Commençons par quelques révisions du Galop 5 : Pour comprendre l’impact des protections sur les membres, parlons d’abord du membre. Composé d’os, de tendons et de ligaments, cette partie du corps du cheval est, contrairement à d’autres (comme les membres humains), peu pourvue en muscles.
Ce sont les ligaments et les tendons qui permettent au cheval de se déplacer. Leur grande résistance (jusqu’à 2000 kg) [1] leur permet d’accumuler de l’énergie lors de la locomotion.
Les 3 principaux ligaments et tendons des chevaux sont les suivants :
- Le tendon fléchisseur superficiel du doigt, ou tendon perforé
- Le tendon fléchisseur profond du doigt, ou tendon perforant
- Le ligament suspenseur du boulet
Dans cet article, nous allons nous concentrer sur le tendon fléchisseur superficiel, dit tendon perforé (en orange ci-dessous).
💡 Le saviez-vous ? 💡
L’énergie accumulée dans le tendon est restituée par le mouvement grâce à l’élasticité du tendon. Seulement comme rien dans la nature n’est parfait, le tendon n’est jamais à 100% élastique. Ce qui signifie qu’une partie de l’énergie accumulée est relâchée sous forme de chaleur (entre 5 et 10%) [2] .
2. Chaleur et tendons
Cette énergie relâchée sous la forme de chaleur ne pourrait-elle pas mettre en danger certaines cellules du tendon, et ainsi provoquer des tendinites ?
📚 Sur le même thème : mon cheval a une tendinite, c’est grave docteur ?
En étudiant des chevaux de course à l’effort, une équipe a mesuré des températures allant jusqu’à 45°C au cœur du tendon perforé [3]. De retour au laboratoire, ils ont exposé les cellules protégeant le tendon à différentes températures, sur différentes durées.
L’étude a alors mis en avant que la dégénération des tendons pouvait provenir de réactions chimiques de la zone suite à des expositions répétées à la chaleur. D’autres études ont conclu que la chaleur est responsable de réactions, pouvant mener à une dégradation de la zone [4].
Pour ne rien faciliter, les tendons comportent peu de vaisseaux sanguins, ils sont donc moins bien irrigués. La diffusion de la chaleur dans le membre est ralentie, entraînant un excès de chaleur localisée au niveau du tendon, provoquant une dégradation de la zone.
Pourquoi est-ce important me direz-vous ? Et bien, si la zone tendineuse est perturbée, cela expose le tendon à une dégradation, et à terme, ouvre la voie à de possibles tendinites.
Toutes ces conclusions sont intéressantes, mais comment atténuer ce processus ?
En un mot : le froid. Les températures plus basses permettent de minimiser la réaction chimique et donc la mort des cellules. Le refroidissement des membres paraît être une manière simple mais efficace de lutter contre les tendinites.
3. Chaleur et protections
Imaginez si le membre nu ne parvient pas à se refroidir de manière efficace, qu’en est-il donc des membres protégés ?
Dans les différentes études sur les températures des membres protégés des chevaux, plusieurs types de protections ont été utilisées :
- Protections en thermoplastiques (néoprène perforé ou non, sympatex)
- Protections en cuir
- Bandes de polo
Toutes parviennent à la même conclusion : les bandes en polaire provoquent la plus grande augmentation de température [5], suivi d’autres types de guêtres (cuir, sympatex, néoprène) avant de finir avec les membres sans protections qui ont enregistré la plus faible augmentation, et ce, de loin.
Les membres nu permettent donc de minimiser le risque d’échauffement sur les tendons [6].
Néanmoins ce n’est pas une raison pour laisser votre cheval sans protection lors de vos entraînements ou sorties au paddock, surtout lorsque celui-ci est ferré. Même si les protections engendrent une surchauffe des cellules, à des échelles plus ou moins élevées au niveau des tendons, elles sont non négligeables pour certains chevaux notamment les chevaux ferrés mais également pour l’absorption des chocs.
Les matériaux et la forme doivent être pris en compte lors de l’achat de vos protections. Il semblerait que les protections perforées permettent un refroidissement plus efficace. De plus, il faut être vigilant à l’ergonomie de la protection : si celles-ci limitent la circulation du flux sanguin, la zone du tendon, mal alimentée, sera d’autant plus sensible à la chaleur, et donc à la dégradation de ses cellules.
D’où l’intérêt, encore une fois, de venir refroidir le membre après effort, d’autant plus si celui-ci était protégé [7].
4. Quel type de protections dans mon travail ?
Comme nous avons pu le démontrer précédemment, il ne faut pas surprotéger son cheval. Néanmoins, suivant le profil de votre cheval, et de la discipline pratiquée, il est indispensable de protéger les membres pour éviter toute blessure. Mais alors, quel type choisir ?
- Les bandes
Il existe 2 sortes de bandes pour travailler votre cheval. Elles possèdent toutes deux la même fonctionnalité pour protéger les tendons et les ligaments suspenseurs à des niveaux différents de contention. Elles sont principalement utilisées pour le plat et le dressage et sont interdites sur les terrains de compétition (sauf au paddock).
Attention ce n’est pas les protections à privilégier en cas de grosses chaleurs, mais elles sont très utiles pour des chevaux ayant une peau sensible.
Bande de polo :
Ce premier type de bandes est une simple protection. À la différence des bandes de travail, elles ne se posent pas avec une flanelle. Le principal avantage des bandes de polo est leur matière polaire. Elles diminuent le risque de frottements et de blessures pour un cheval sensible au néoprène.
Bande de travail :
Elles sont plus compliquées à poser, et doivent être manipulées par des mains compétentes car sous peines d’erreur les conséquences peuvent être lourdes et peuvent entraîner un “tour de bande” comme nous pouvons dire dans le milieu, c’est à dire un garrot qui peut se faire sous la bande si la pression est mal répartie. Elles assurent un meilleur soutien que les bandes de polo, et possèdent un avantage de contention pour absorber les chocs.
- Les protections
Ouvertes ou fermées, elles protègent les tendons et le boulet, et sont principalement utilisées à l’obstacle pour protéger des chocs avec les barres. Il existe différentes tailles, celles-ci doivent être très bien ajustées pour éviter de blesser votre cheval et de le gêner dans ses mouvements.
Les guêtres ouvertes :
Les guêtres ouvertes protègent principalement les tendons sur les zones latérales et arrières du tendons et du boulet. Ce type de protection évite les zones de contacts et de frottements entre les deux antérieurs ou entre un antérieur et un postérieur.
Les guêtres fermées :
Les guêtres fermées sont obligatoires lors d’un parcours de cross, du fait qu’elles protègent la totalité du membre. Elles englobent entièrement le canon et la majorité du boulet, permettant une protection plus complète par rapport aux guêtres ouvertes.
N’oubliez pas de privilégier des matières respirantes et perforées pour éviter la surchauffe des tendons. L’ergonomie de la protection est également important afin de favoriser l’ajustement et le confort
de votre cheval.
Pour répondre à ces critères Back on Track présente ses nouvelles guêtres Airflow 3D Mesh.
Ces guêtres souples comportent un amortisseur et un rembourrage répartissant la pression pour protéger les membres du cheval contre les chocs et les blessures.
Elles sont très respirantes pour éviter la surchauffe des tendons. Leurs fermetures auto-agrippantes solides et renforcées permettent un ajustement confortable.
La doublure intérieure en tissu Welltex® offre à votre cheval les meilleures conditions de performance et de récupération. Cette technologie peut aider à stimuler la circulation sanguine dans la zone concernée en réfléchissant l’énergie infrarouge lointaine pouvant offrir un soutien des tendons et articulations.
Polyvalentes et faciles à utiliser, ces guêtres conviennent pour les antérieurs et postérieurs. Pour un meilleur ajustement, nous vous recommandons de prendre une taille supérieure pour les postérieurs.
Découvrez les vite !
- Les cloches et les protège-glome
Ce type de protection protège le paturon et les glomes de votre cheval des différents chocs. On les utilise notamment pour des chevaux qui se méjugent, c’est-à-dire que le cheval possède un excès d’engagement de son postérieur lors de ses mouvements, touchant alors le talon de son antérieur.
Peu importe le type de protection que vous choisirez pour l’entraînement de votre cheval, vous devez avant tout faire attention à la matière et à la forme de celles-ci pour éviter de le blesser.
Privilégiez les matières respirantes en néoprène par exemple. Si votre cheval est sensible, le mouton est également un bon choix, néanmoins veillez à ne pas les porter trop souvent et lors des fortes chaleurs.
Enfin ne sous estimez pas la facilité d’entretien de vos protections : poils morts, boue, sables, risqueraient de blesser votre cheval.
À la fin de chaque séance, N’oubliez pas de doucher votre cheval ou d’utiliser des guêtres refroidissantes après chaque entraînement pour éviter une surchauffe du tendon, masser les muscles et améliorer la circulation sanguine.
Conclusion
Les protections sont non seulement responsables de l’échauffement localisé au niveau du tendon, mais elles empêchent aussi tout refroidissement naturel du membre par convection. Couplées à un exercice intensif, les protections engendrent des températures élevées de manière localisée. Ces températures portent atteinte à l’intégrité du métabolisme de la zone du tendon, et peuvent provoquer des tendinites lorsque l’exposition à de telles températures est récurrente.
En plus de l’impact des protections, ces études soulignent l’importance d’un refroidissement efficace des membres, nécessitant une action extérieure (douche, immersion, guêtres de froid) pour que ceux-ci se retrouvent leur température initiale.
Bien sûr, il est nécessaire de maintenir les tendons de son cheval et de protéger ses membres des chocs lors des entraînements afin d’éviter tout autre risque de blessure. Pour les compétiteurs, les protections demeurent obligatoires et essentielles lors de certaines épreuves seulement. Vous avez désormais toutes les clés en main pour choisir les vôtres.
Références:
[1] “Pathologie tendineuse et ligamentaire”, cours CIRALE-IPC, 19 oct 2011, J.M Denoix
[2] “The effect of exercise-induced localised hyperthermia on tendon cell survival”, The Journal of Experimental Biology 200,(1997), H. L. Birch, A. M. Wilson, A.E. Goodship
[3] “Exercise-induced hyperthermia as a possible mechanism for tendon degeneration”, Journal of biomechanics, July 1994, A.M.Wilson, A.E.Goodship
[4] “Effect of heat on synthesis of gelatinases and pro-inflammatory cytokines in equine tendinocytes », Biomedical Journal of Scientific & Technical Research, 2006, Y. HOSAKA, S. OZOE, R. KIRISAWA, H. UEDA, K. TAKEHANA, Mamoru YAMAGUCHI
[5] “A comparison among equine boots and legwraps on leg surface temperature during and after exercise”, Middle Tennessee State University, 202, L.Brock, H.Spooner
[6] “The influence of boot design on exercise associated surface temperature of tendons in horses”, Comparative exercise physiology, 2013, Hopegood, L., Sander, L., Ellis, A.D.
[7] “Changes in temperature of the equine skin surface under boots after exercise”, Institute of pathological physiology, University of Veterinary Medicine and Pharmacy Košice Slovakia, 2017, Solheim, T.N., Tarabová, L., Faixová, Z.,