Faut-il tondre son cheval ?
Beaucoup de questions en ces périodes de froid ! Suite à notre précédent article sur la couverture, beaucoup d’entre vous nous ont rapporté que leurs chevaux n’en avaient pas besoin l’hiver. J’ai donc eu envie de vous expliquer comment les chevaux s’adaptent au froid (et ils sont bien plus doués que nous à ce jeu là) et s’il faut, oui ou non, tondre son cheval.
Mis à jour le 17 aout 2018
En savoir plus : Comment apprendre à son cheval à dire s’il veut une couverture en 3 étapes
Table des matières
C’est quoi le problème avec le froid ? ❄️☃️
Tout l’enjeu lorsqu’il fait froid c’est de maintenir sa température corporelle. Pour un cheval au repos, elle est considérée comme normale entre 37,5°C et 38°C. 🌡 Elle peut être légèrement supérieure pour un cheval ayant travaillé ou pour un poulain [1].
La zone de confort thermique
Lorsque le cheval est dans sa zone de confort thermique alors son métabolisme de base permet de maintenir la température corporelle. Le métabolisme c’est l’ensemble des réactions chimiques qui permettent à un être vivant tout simplement de vivre ! Lorsqu’on sort de la zone de de confort, c’est le métabolisme qui va compenser. Le cheval va donc dépenser plus d’énergie (ça se compte en KCal). Il va alors puiser dans les réserves de graisses.
Je vous vois venir, vous allez me dire “C’est bien gentil tout ça mais on veut des chiffres !”, j’y viens. Chez l’homme, la zone de confort thermique est très restreinte. Elle se situe autour de 25°C [2]. Heureusement qu’on porte des vêtements 😁🧦.
Chez le cheval non tondu, elle se situe entre 5°C et 25°C [2]. Ça veut donc dire que le cheval non tondu peut tenir sans peiner quand la température est entre 5°C et 25°C. Ça signifie aussi qu’en dessous de 5°C c’est son métabolisme qui va compenser le froid (avec d’autres mécanisme que je vais vous détailler plus loin).
Du coup, ne vous fiez pas à votre ressenti de la température vu qu’il n’aura pas le même que vous !
La température critique minimale
Un deuxième seuil est important : c’est la température critique minimale. Elle se définit comme la température en dessous de laquelle le cheval ne pourra plus maintenir sa température corporelle. Elle est de -15°C chez un cheval non tondu et seulement de 5°C chez un cheval tondu ! [2]
En dessous de ces températures là, la couverture devient indispensable !
Qui est le plus touché par le froid ? 👶👵🏻
Bien sûr tout cela dépend des individus et les facteurs de d’influence sont multiples :
- L’âge : la température critique d’un poulain est plutôt de 0°C. Un cheval âgé aura également plus de mal à réguler sa température
- La morphologie : eh oui la graisse est un très bon isolant 🐳. En fait on calcule le rapport surface de la peau / volume du corps. Cela donne une bonne indication puisque la production de chaleur est proportionnelle au volume et la perte à la surface. Plus le rapport est petit plus le cheval sera résistant au froid
- Le poil : ça parait logique, plus le poil est long plus il protège.
Tous ces paramètres vont modifier les plages de températures dont je vous parlais plus haut (zone de confort thermique et température critique). Mais ça dépend surtout de si il a eu le temps de s’adapter au froid (vous savez quand votre cheval ressemble à une boule de poils 😅).
Comment fait il alors pour s’adapter au froid ? 🧣🧤🧦
Adaptations rapides
Dès les premiers froids, le cheval possède des armes pour lutter contre.
- Les frissons : ce sont des contractions réflexes des muscles. Pour se contracter le muscle a besoin de carburant (les sucres et les graisses) et la réaction produit de la chaleur. Cela multiplie le métabolisme de base par 4 ou 5. [2]
- La pilo-érection : les poils se hérissent et se gonflent, ça permet d’emprisonner une couche d’air à la température du cheval qui va jouer le rôle d’isolant.
- La vaso-constriction : les vaisseaux sanguins se contractent pour réduire le flux. Ce mécanisme renvoient le sang plutôt vers les organes principaux. Cela permet de garder la chaleur interne tout en baissant la température des extrémités (bonjour les doigts froids !). Du coup si vous trouvez que votre cheval a les extrémités froides, c’est tout à fait normal.
Adaptations lentes
Les chevaux ont besoin de 10 à 20 jours pour s’adapter à une baisse de température de 15°C [2]. C’est donc pendant cette période de transition qu’ils vont être les plus vulnérables. Evitez donc si possible de mettre au pré en plein hiver un cheval ayant l’habitude de vivre en écurie, l’écart de température sera très grand. Il vaut mieux les faire sortir dès l’automne. De même, si les températures chutent brutalement vous pouvez l’aider avec une couverture légère pour faire la transition.
Ces adaptations seront d’ordre :
- Comportementales : avec une diminution de l’activité pour dépenser moins d’énergie. Mais aussi une augmentation de la consommation d’aliments, ce qui leur donne une plus grande source d’énergie. Attention, à l’embonpoint si vous lui mettez une couverture et que vous nourrissez plus il va stocker l’énergie sous forme de graisses.
- Physiologiques : le poil devient plus dense, plus long. La graisse se répartit sur tout le corps pour favoriser l’isolation.
En savoir plus sur le surpoids : Voici ce que risque votre cheval s’il est en surpoids
Tondre son cheval, oui ou non ? ✅❌
Alors dans tout ça si on tond, il y a bien une raison ! Tout le monde la connait, rentrer un cheval qui a beaucoup transpiré au travail et qui va rester mouillé longtemps au box est risqué : il peut prendre froid. Ce qui signifie ?
Relation entre poils et travail
En fait, quand le cheval travaille alors qu’il a son poil d’hiver, c’est comme si vous vouliez courir un 5km avec une grosse doudoune. Pas facile ! Vous auriez trop chaud. Pour vous donner un ordre d’idée, lorsque le cheval frissonne il multiplie son métabolisme par 4 ou 5, lors d’un exercice physique intense il le multiplie par 25 [2] ! Donc il transpire et rentre bien souvent mouillé au box. Le poil aura alors perdu sa capacité isolante, et le cheval aura froid. Imaginez vous dehors avec des vêtements mouillés…
Il peut tomber malade ? 🤒🤧😷
On associe souvent à tort cette situation avec le “coup de froid”. En fait des recherches ont été faites chez l’homme. Ces études ont montré que si on attrape plus souvent un rhume l’hiver c’est que le froid permet au virus de rester dans l’air des dizaines d’heures [3]. Tandis qu’en été quand il fait chaud il meurt plus rapidement. Il y a donc une plus grande concentration de virus dans notre environnement en hiver. Mais si vous ne les croisez pas, pas de risque de tomber malade. Du coup, vous pouvez tout à fait vous balader tout nu dans votre jardin, si vous ne croisez pas de virus, vous ne serez pas malades.
En revanche si vous en croisez un, habillé ou pas, vous avez des chances (ou plutôt malchance) de tomber malade. La situation sera surement la même chez le cheval. Le risque de tomber malade n’augmente pas avec le fait d’avoir trop froid ou d’être mouillé.
Du coup “tondre ou pas tondre” ça dépend beaucoup de l’utilisation du cheval. Pour le sport, s’il n’est pas tondu, la situation pourrait être moins confortable pour lui si le travail est très intense. Par contre pour un cheval plus rustique vivant dehors toute l’année mieux vaut garder son gros manteau de fourrure.
Alice MARTINEZ
Ingénieure R&D chez Equisense
Bibliographie
[1] Clément, F., Barrier, I., Grosbois, F., & Villerouge, C. (2011). Signes de bonne santé et constantes biologiques. Retrieved from http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/soins-et-prevention/prevention/signes-de-bonne-sante-et-constantes-biologiques.html?L=0
[2] Briant, C. (2016). Comment les chevaux s’adaptent-ils au froid ? Retrieved from http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/comportement-ethologie-bien-etre/cheval-et-vie-domestique/comment-les-chevaux-s-adaptent-ils-au-froid.html?L=0
[3] Harper, G. J. (1961). Airborne micro-organisms : survival tests with four viruses, 479–486.
Illustrations
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