6 choses à savoir sur l’appareil respiratoire du cheval
La vétérinaire des champions, Emmanuelle Van Erck, vous livre quelques précieux conseils pour prendre soin de l’appareil respiratoire du cheval !
Mis à jour le 1er juin 2018
Table des matières
- #1 – Les poumons du cheval sont proportionnellement aussi gros que les nôtres
- #2 – La fréquence respiratoire du cheval est similaire à celle de l’Homme au repos
- #3 – 60% de l’air qu’ils inspirent ne leur sert à rien 😱
- #4 – Les chevaux ne peuvent pas respirer par la bouche 🤐
- #5 – La fréquence respiratoire est couplée à la fréquence des foulées au galop
- #6 – les capacités respiratoires ne sont pas améliorables chez le cheval 🏃♂️
- 3 choses à faire pour prendre soin de l’appareil respiratoire du cheval
#1 – Les poumons du cheval sont proportionnellement aussi gros que les nôtres
Leurs poumons ont beau être très volumineux, ils sont en fait proportionnellement aussi gros que les nôtres. En effet, les poumons du cheval pèsent environ 7 kg, soit environ 1,5% du poids corporel total, ce qui est proportionnellement à peu près pareil chez l’Homme chez qui les poumons pèsent environ 850g. Ainsi, ils peuvent contenir environ 50L d’air contre 6 ou 7 chez l’Homme.
Ils possèdent par contre 50 fois plus d’alvéoles que nos poumons à nous !
C’est d’ailleurs assez impressionnant de les voir se gonfler :
Toutefois, si on compare avec le boeuf, les poumons des chevaux sont bien plus gros. En effet, chez deux individus de masse égale, les poumons du cheval ont une surface 1,6 fois plus importante que celle du boeuf. Ca explique en partie que Marguerite 🐄 soit moins disposée à enchainer 130 🤣
#2 – La fréquence respiratoire du cheval est similaire à celle de l’Homme au repos
La fréquence respiratoire au repos est de 8 à 15 mouvements respiratoires par minute. La ventilation au repos, c’est à dire le volume d’air inspiré par minute, est par contre 12 fois supérieure à celle de l’Homme : 66 L/min pour le cheval contre 5,4L/min.
Rapportée au poids ça fait que la ventilation est 1,5 fois supérieure à celle de l’Homme.
#3 – 60% de l’air qu’ils inspirent ne leur sert à rien 😱
Très brièvement : en fait ce qu’on appelle “l’espace mort”, c’est le volume d’air qui est inspiré mais qui ne rentre pas en contact avec les alvéoles, donc qui ne participe pas aux échanges gazeux. C’est la somme du volume des naseaux et de toute la tuyauterie respiratoire.
Chez le cheval ça représente 60% du volume inspiré contre 30% chez l’Homme !! Ca veut dire, pour faire simple, que 60% de l’air qu’ils inspirent, ne leur sert à rien. C’est colossal !
#4 – Les chevaux ne peuvent pas respirer par la bouche 🤐
En effet, les chevaux ne peuvent pas respirer par la bouche à cause de la longueur et de la mobilité de leur palais mou. Vous savez, au bout du palais du, il y a une partie plus molle, qui se termine en luette chez l’Homme. Et bien chez les chevaux il est beaucoup plus long et empêche donc la communication entre le tube digestif et le nez.
Les chevaux sont donc contraints de respirer par le nez ce qui est très limitant. En plus, leurs narines sont relativement petites et leurs “conduits respiratoires” sont assez fins. Ceci induit une grande résistance au moment de la respiration. Ils doivent donc “forcer” un peu plus que nous pour respirer.
Je vous invite d’ailleurs à lire notre article sur les bruits respiratoires qui détaille un peu plus l’anatomie des voies respiratoires du cheval.
#5 – La fréquence respiratoire est couplée à la fréquence des foulées au galop
Si vous écoutez bien, au galop le cheval expire (souffle) au moment où il pose son dernier antérieur.
C’est lié au fait qu’à ce moment là le cheval “lève les fesses et baisse la tête”. Tous ses viscères vont être emmenés vers l’avant et vont venir se plaquer sur le diaphragme. Celui ci va appuyer sur les poumons et forcer l’expiration. C’est d’ailleurs plutôt problématique !
Visualisez vous en train de courir. Vous êtes quand même bien content de pouvoir respirer au rythme qui vous convient non ? Et bien le cheval lui ne le peut pas, même quand on lui demande d’accélérer.
Le problème c’est que ça cause ce qu’on appelle une “hypoxémie”. C’est à dire que lors d’efforts intenses et prolongés, le cheval manque d’oxygène.
Fun fact à ce propos
Le cheval est un athlète incroyable malgré ce petit handicap. C’est parce qu’il a plus d’un tour dans son sac 🧙🏻♂️ !
Pour contrer ce manque en oxygène qui pourrait poser de gros problèmes, le cheval adopte une stratégie assez unique en son genre : la splénocontraction. Ce mot barbare signifie que lors d’efforts intenses, le cheval contracte sa rate. Enfin, pour être plus précise, l’adrénaline libérée entraîne une contraction de la rate.
La rate libère alors dans le sang tous les globules rouges qu’elle contenait. Ceux ci vont venir à la rescousse pour capter plus d’oxygène et en apporter plus aux muscles pour qu’ils continuent de fonctionner ! Ainsi, leur hématocrite (le pourcentage du volume occupé par les globules rouge par rapport au volume sanguin total) va passer de 30-40% à 60-70% !!! Le cheval n’a donc pas besoin de piqûres d’EPO 💉 ni d’entraînement en altitude 🏔, contrairement à certains athlètes humains 🙄 !
#6 – les capacités respiratoires ne sont pas améliorables chez le cheval 🏃♂️
“Les propriétaires de chevaux considèrent souvent que l’entraînement améliore la capacité pulmonaire de leurs chevaux car ceux-ci sont moins essoufflés après l’effort. Ce phénomène n’est pas du à une efficacité accrue du système pulmonaire, mais à une amélioration du métabolisme aérobie, de la thermorégulation et du système cardiovasculaire.”
Eh oui ! Ce qu’on appelle “mise en souffle” est en fait purement un travail de cardio, pas un travail de souffle à proprement parler…
Conclusion, si on veut mettre toutes les chances de réussite de notre côté il faut bien prendre soin des gros poumons de nos petits chevaux, et donc leur éviter de les obstruer avec toutes ces vilaines poussières.
3 choses à faire pour prendre soin de l’appareil respiratoire du cheval
En fait, si votre cheval vit au box, tout commence à cet endroit précis. En effet, le problème c’est que dans son box, votre cheval ne va pas respirer que de l’air frais et pur de la campagne, loin de là. Il va respirer la poussière de la paille, du foin, de moisissures et des bactéries microscopiques (et donc invisibles à l’œil nu) et les vapeurs d’ammoniac produites par la dégradation de son urine et de ses crottins par ces même bactéries. Sympa non ? Si en plus de ça vous montez dans une carrière ou un manège dont le sol est poussiéreux, c’est le pompon.
Le Dr Emmanuelle Van Erck, vétérinaire de renom vous donne quelques petits conseils pour mettre toutes les chances de votre côté.
1) L’importance de l’aération
Si vous rentrez dans l’écurie et que vous trouvez qu’il fait lourd ou que ça sent fort, c’est que le box est mal ventilé. Avoir une fenêtre, c’est déjà bien, mais une fenêtre ET une ouverture au toit permet une circulation naturelle de l’air, sans courant d’air.
Attention :une fenêtre ouverte sur le tas de fumier et c’est l’overdose d’ammoniac assuré !
2) Traquez la poussière
Choisissez idéalement une litière saine et dépoussiérée, videz et désinfectez le box régulièrement et enlevez les toiles d’araignées. Dans les couloirs, évitez à tout prix les soufflettes mais arrosez les allées avant de balayer pour limiter la mise en suspension de poussière. En effet, les poussières restent en suspension dans l’air pendant de très longues heures, même si on ne les voit pas. Les chevaux y sont donc largement exposés.
3) Stockez le foin et la paille dehors
Et non pas dans le bâtiment où logent les chevaux. Pourquoi ? Parce qu’ils sont naturellement contaminés à la récolte par des petites moisissures qui n’ont qu’une seule idée : se multiplier. Et elles le font quand elles se sentent à l’aise, soit quand il fait chaud et humide. Comme la paille et le foin ont une grande capacité d’absorption de l’eau et que les chevaux produisent à la fois chaleur et eau en respirant, les stocker à l’intérieur augmente significativement les risques de prolifération des moisissures. Or, elles sont très irritantes pour les poumons !
A noter que votre cheval peut souffrir d’une atteinte pulmonaire sans manifester nécessairement de symptômes respiratoires comme de la toux ou du jetage. Il sera simplement anormalement fatigué ou intolérant à l’effort. A bon entendeur !
📚 En savoir plus : Les 8 choses à savoir sur l’emphysème
Bref, comme dit le dicton : “ Si vous voulez devenir un champion, prenez soin de leurs poumons ! ”
A très vite pour un prochain article 😉
Camille Saute
Resp. R&D chez Equisense
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Sources
C. Menard, « Etude bibliographique comparée de la physiologie du coureur de fond et du cheval d’endurance : système cardiorespiratoire », Vetagro sup, 2014.
Lhen A., “Le suivi médico-sportif du cheval de concours de saut d’obstacles: prise en charge de la carrière sportive”, thèse vétérinaire, dec 2011, Maisons Alfort.
Gellish R.L., Goslin B.R., Olson R.E., McDonald A., Russi G.R., Moudgil V.K., « Longitudinal modeling of the relationship between age and maximal heart rate », Medicine and science in sports and exercise, vol. 39, no 5, mai 2007, p. 822-829
Attenburrow D.P., Goss V.A., “The mechanical coupling of lung ventilation to locomotion in the horse”. Med Eng Phys, vol. 16, n°3, mai 1994, p.188-192.
Illustrations
Lungs icon created by Bernar Novalyi from Noun Project
Red blood cells created by Becris from Noun Project
Wind icon created by Grégory Montigny from Noun Project
Bonjour,
Je vien vers vous car je suis une personne assez curieuse. Vous avez dit que le cheval ne pouvais pas respirer par la bouche, mais quand il baille, il ne respire pas ?
Bonjour.
J’ai une jument wry nose qui ne respire pleinement que part une narine, la deuxième se mets a vibrer en cas d’effort prolongé au galop. Niveau FC elle est comme un cheval « normal », y aurait-il un moyen de savoir si je vais trop loin dans le travail (sachant que parfois c’est moi qui lui demande de ralentir en extérieur…..).
Merci
Si la FC est bonne c’est déjà pas mal ! IL faudrait vérifier les lactates éventuellement, mais c’est surtout un avis vétérinaire qui vous faudrait dans le cas de votre jument. Seul un véto aura suffisamment d’informations pour vous dire comment analyser si vous allez trop loin dans le travail ou pas.