Ces 4 conseils vous aideront à bien gérer l’arthrose de votre cheval
Votre cheval a de l’arthrose et vous avez des doutes sur ce qu’il faut faire pour lui simplifier la vie ? Ou bien vous redoutez que votre cheval ne fasse un jour de l’arthrose et vous voulez tout savoir sur cette pathologie ? Cet article est fait pour vous !
L’arthrose, c’est un vilain mot qui nous fait tous penser aux vieux chevaux souffreteux. Alors qu’en réalité, il s’agit d’une maladie dégénérative qui peut aussi toucher les jeunes chevaux (à partir de 5 ans). C’est même une pathologie assez fréquente chez le cheval de sport, et notamment de CSO mais aussi chez le cheval de loisir. Nous nous prendrons dans cet article l’exemple de l’arthrose du pied mais le principe est quasiment le même pour toutes les articulations.
Table des matières
Comme d’habitude, commençons par un peu d’anatomie…
L’articulation du pied, on l’appelle scientifiquement “articulation interphalangienne distale”. C’est à dire l’articulation entre les deux dernière phalanges (l’équivalent de vos extrémités de doigts). Elle met en affrontement 3 os : la 3ème phalange (distale), la 2ème phalange (moyenne) et l’os naviculaire (=os sésamoïde distal).
Le cartilage articulaire de l’articulation du pied est épais. Cela s’explique par sa fonction d’amortissement. En effet, il s’agit d’une articulation très sollicitée lorsque le cheval se déplace car elle destinée à absorber les irrégularités du sol. [1]
#1 – Bien comprendre le mécanisme de l’arthrose [3]
L’arthrose du pied (scientifiquement appelée “arthropathie inter-phalangienne distale”) est une dégénérescence du cartilage. Je vous explique tout ça.
Le cartilage
Les deux extrémités osseuses qui composent une articulation sont recouvertes de cartilage. C’est grâce à lui que les deux os vont pouvoir glisser l’un sur l’autre et ainsi, assurer la mobilité de l’articulation. La stabilité de l’articulation est assurée par une capsule qui constitue une sorte de sac dont la partie interne est tapissée par une membrane : la membrane synoviale. Cette dernière va sécréter le liquide articulaire, appelé aussi liquide synovial. Il lubrifie l’articulation et nourrit à 95% le cartilage.
Le cartilage est un tissu spécialisé, un peu particulier puisqu’il est constitué d’un seul type de cellules qu’on appelle les chondrocytes. Ce sont elles qui synthétisent la matrice cartilagineuse. La matrice cartilagineuse, c’est quoi ? C’est une éponge constituée de grosses molécules très avides d’eau qui sont emprisonnées dans un filet inextensible de fibres de collagènes.
L’arthrose est en fait une réponse à un excès de pression sur le cartilage.
La pression exercée provoque une rupture du filet de collagène. Le cartilage se gonfle alors d’eau (oedème), il devient vulnérable et se fragmente. Du coup, des fragments de cartilage tombent dans l’articulation.
Sous l’effet de la pression, les cellules du cartilage (chondrocytes) deviennent hyperactives pour tenter de réparer le cartilage. Enfin, elles finissent par s’épuiser et mourir.
Si le cartilage est le premier atteint au cours de l’arthrose, les autres éléments de l’articulation vont également être touchés. Ainsi, la membrane synoviale va chercher à nettoyer les fragments de cartilage tombés dans la cavité articulaire. Elle va réagir en produisant une quantité très abondante de liquide synovial, qui marque l’inflammation. Quant à l’os, il va s’épaissir en réaction à cette excès de pression et produire une collerette osseuse appelée “ostéophyte” en périphérie de l’articulation. Cela se voit très bien à la radiographie.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le processus arthrosique est un cercle vicieux. La destruction progressive du cartilage diminue sa souplesse et donc ses capacités d’amortissement, augmentant l’agression mécanique et favorisant donc la destruction. On parle de maladie auto-aggravante. [4]
#2 – Réussir à détecter l’arthrose à temps [4] 🔍
Il s’agit d’une pathologie qui apparaît surtout chez des chevaux de 5 à 10 ans. Les troubles sont insidieux. Vous pouvez avoir l’impression d’une boiterie qui s’est installée progressivement et qui est intermittente. Vous pouvez avoir l’impression de rencontrer des difficultés au travail, sans pour autant voir de boiterie franche : gêne dans l’accomplissement de certains exercices, diminution de vos performances en compétition.
Souvent, si boiterie il y a, elle est accentuée sur le cercle et sur sol dur et s’améliore à chaud.
D’ailleurs, vous pouvez utiliser Equisense Motion S pour suivre l’évolution de la symétrie et du rebond qui pourront vous avertir si la locomotion se dégrade.
Bien entendu, prenez également le temps d’observer votre cheval au box. Il peut se soulager au repos, en mettant son membre antérieur en protraction, c’est à dire vers l’avant.
#3 – Utiliser le traitement adapté [4]
Il existe de nombreux traitements. Bien sûr, ilq doivent être adaptés au cas par cas.
Parage et/ou ferrure
Le traitement orthopédique permet d’assurer l’équilibre transversal et longitudinal du pied, en statique comme en dynamique. Le vétérinaire réalise une évaluation radiographique de l’articulation et fera adapter le parage et/ou la ferrure en fonction des lésions.
Si ferrure il y a, elle doit être légère et amortissante, avec une pince et des mamelles arrondies. En effet, l’objectif est ici de favoriser le roulement du pied, c’est à dire son pivotement dans toutes les directions de l’espace.
📚 En savoir plus : Comment ça marche un fer ?
Les traitements médicaux de l’arthrose chez le cheval
Le traitement médical dépend du cheval, de son activité et des lésions constatées. L’objectif est de réduire la boiterie en diminuant la douleur dans l’articulation. Il doit être mis en place en concertation avec votre vétérinaire traitant. Cela peut être un traitement local, sous forme d’injection intra-articulaire (on parle d’infiltration). De nombreux produits différents peuvent être utilisés. Toutefois, notez bien que les injections répétés d’anti-inflammatoires stéroïdiens dans les articulations peuvent altérer le cartilage. Le recours à ce type d’injection doit donc être raisonné.
Il y a également d’autres traitements comme la perfusion de bisphosphonates ou encore la mésothérapie. Je vous ai fait 3 petits articles pour vous expliquer leurs fonctionnements.
En savoir plus :
En bref : les infiltrations chez le cheval
En bref : la mésothérapie chez le cheval
En bref : le tildren® et les bisphosphonates chez le cheval
Le traitement peut être pris par voie générale sous forme d’anti-inflammatoires, en sachet (un peu comme vous prenez de l’aspirine ou de l’ibuprofène) ou éventuellement en injections. L‘objectif est ici de contrôler la boiterie pour aider à la récupération de la fonction articulaire.
Les traitements chirurgicaux de l’arthrose chez le cheval
Enfin, vous avez peut-être également entendu parler des arthroscopies. Lorsque des collerettes osseuses (ostéophytes) provoquent un conflit mécanique avec la phalange moyenne (dans ce cas, la gêne pour le cheval est importante), il peut être envisageable d’intervenir chirurgicalement pour retirer ces ostéophytes. Il s’agit dans ce cas d’une chirurgie. Le cheval est anesthésié. Le chirurgien entre dans l’articulation à l’aide d’une petite caméra pour nettoyer l’articulation.
Les compléments alimentaires
Si les compléments alimentaires ne peuvent pas être considérés comme un traitement à part entière, ils peuvent être d’une grande utilité en prévention pour aider le cheval à fabriquer des cartilages de qualité, ou en soutien quand la pathologie s’est déjà développée.
#4 – Bien adapter l’activité [4] 🐎
Une activité régulière (en contrôlant l’activité) est recommandé pour les chevaux présentant de l’arthrose du pied. Il faut prévoir un long échauffement au pas, puis au trot lent. Vous constaterez que la locomotion s’améliore avec l’exercice. Le choix du terrain est primordial, il faut qu’il soit souple et régulier. Evitez au maximum les sols avec des irrégularités de terrain qui viendraient déstabiliser l’équilibre de l’articulation. Il faut également éviter les voltes très serrées et tous les exercices mal tolérés par votre cheval.
Il est très important d’adapter le travail à la réponse de votre cheval au traitement. Je m’explique. Si, après traitement, votre cheval ne boite plus, n’hésitez pas à reprendre un travail normal. A l’inverse, si vous constatez qu’une gêne persiste, reprenez un travail réduit, éventuellement sous contrôle aux anti-inflammatoires (pour limiter la douleur).
Aussi, notons en passant (même si on vous le répète à chaque fois) que quelle que soit l’activité du cheval, il est d’autant plus essentiel de lutter contre le surpoids pour les chevaux présentant de l’arthrose. En effet, il faut à tout prix éviter d’aggraver les lésions en accroissant la surcharge de pression sur l’articulation.
📚 En savoir plus : Le surpoids du cheval
Conclusion
Nous n’avons eu le temps ici que de parler de l’arthrose du pied mais il faut savoir que l’arthrose peut survenir dans de nombreuses articulations: le boulet, le jarret, l’épaule mais aussi les articulations du dos ou du bassin etc. Il est difficile de s’en prémunir parce que l’articulation du pied subit de fortes charges en compression au cours de l’appui. Un bon maréchal ferrant ainsi qu’un bon sol pour travailler restent des éléments de prévention.
J’espère que cet article vous a plu et vous a permis de mieux comprendre cette pathologie.
Marine Slove,
Vétérinaire et directrice produit chez Equisense.
Références bibliographiques
[1]“Entités pathologiques générales: les arthropathies et leur traitement chez le cheval”, CIRALE-IPC, UP Clinique Equine DEPEC, janvier 2002, J.M Denoix, F. Audigié.
[2]“Anatomie comparée des mammifères domestiques – Tome 2 Arthrologie et myologie”, R. Barone.
[3] Dossier Arthrose 2005, Société Française de Rhumatologie
[4] “Entités pathologiques régionales – Membre thoracique: l’arthropathie inter-phalangienne distale”, CIRALE-IPC, UP Clinique Equine DEPEC, janvier 2002, J.M Denoix, F. Audigié.