Les 8 informations à connaître absolument sur la myopathie atypique du cheval
Ça y est, c’est l’automne ! 🍁 Et avec lui viennent le vent, la pluie et les petits (et gros) tourments saisonniers. Parmi ces tourments, la myopathie atypique fait figure de proue. Cette maladie mortelle du cheval apparue en France en 2002, apparait tous les ans à cette période. Il nous paraissait donc très utile de vous faire un petit point sur cette terrible maladie avant qu’elle ne débarque à nouveau sur notre territoire. Quelle en est la cause ? Et que peut-on faire pour préserver son cheval ? Ayez les bons réflexes et passez le mot !
Mis à jour le 22 octobre 2018
Je n’ai eu qu’un seul cas de myopathie atypique quand j’étais praticienne mais je m’en souviens parfaitement ! Ce n’est pas le genre de chose qu’on oublie … J’étais interne à l’école vétérinaire et nous avons reçu un soir un cheval en piteux état, référé par un confrère qui n’était pas équipé pour les soins intensifs. A l’époque (c’était en 2011), on n’avait pas encore découvert les causes de la maladie. Et malheureusement, notre patient équin est mort quelques jours après son arrivée malgré un travail acharné de notre équipe. Très mauvais souvenir pour une jeune vétérinaire !
La myopathie atypique (autrement appelée myoglobinurie atypique) est une maladie, généralement fatale vous l’avez compris. Elle se caractérise par la paralysie rapide des muscles posturaux, cardiaque et respiratoires du cheval. Elle peut frapper tous les types d’équidés. Les poneys, les chevaux de trait, les ânes, les zèbres etc. Pendant longtemps, on a cherché quelle en était la cause mais ce n’est que depuis 2013 qu’une équipe de chercheurs a découvert le coupable.
Table des matières
- #1 – Le grand coupable c’est l’érable sycomore 🍁
- #2 – La maladie n’est pas présente partout en Europe
- #3 – La myopathie atypique chez le cheval est une maladie saisonnière
- #4 – Il faut réagir très vite face à un cas de myopathie atypique
- #5 – La myopathie atypique est une maladie très grave
- #6 – Identifiez si votre cheval est à risque
- #7 – Prenez des mesures préventives [1]
- #8 – Activez le réseau de surveillance
#1 – Le grand coupable c’est l’érable sycomore 🍁
Le coupable ? C’est lui :
L’érable sycomore ! C’est est un arbre fréquent de nos paysages français du nord. Il peut atteindre 20 à 30 mètres de haut. Ses feuilles sont vertes sombres et constituées de 5 lobes arrondis.
Ses fruits sont appelés des “samares”. Vous savez, ce sont les hélicoptères que vous vous colliez sur le nez quand vous étiez petit ! Ils sont facilement reconnaissables parce que leur forme en U fait penser aux jambes d’un cavalier à cheval.
Leur aspect ailé permet leur dissémination par le vent, heureusement pour la reproduction des érables … mais malheureusement pour les chevaux ! En effet, ce sont entre autres ces samares qui contiennent la toxine responsable de la myopathie atypique appelée “hypoglycine A”. Une fois avalée par le cheval, elle se transforme en un composé très toxique appelé MCPA, qui va provoquer les symptômes.
On peut se poser la question de savoir si d’autres arbres à samares sont concernés par la présence d’hypoglycine A. L’érable champêtre, l’érable plane et le frêne commun ne sont pas concernés [3]. Inutile donc de les couper ! D’ailleurs, pour en avoir le coeur net, il suffit de regarder à la base de la tige de la feuille. S’il en sort un latex blanc, ça n’est pas un Erable Sycomore. Inutile de s’inquiéter donc 🙂
Petite parenthèse sur l’érable Négundo
C’est lui qui est responsable de la maladie aux Etats-Unis.
Il contient donc de l’hypoglycine A. Pourtant, dans le nord de la France et en Belgique, la grande majorité des érables Negundo ne contient pas d’hypoglycine A. Pourquoi ? Parce qu’ils sont plantés de manière individuelle. Or, il y a besoin d’arbres mâles et femelles pour qu’il y ait des graines chargées en toxine dans les samares.
Ainsi, si vous avez un érable Negundo dans votre pâture, avant de le couper sans réfléchir, regardez si les samares sont chargés en graines. Si ce n’est pas le cas, rangez votre tronçonneuse.
Notons par contre que dans le sud de la France, l’érable Negundo est une espèce invasive donc à risque. En effet, il y a des mâles et des femelles à côté.
Le Professeur Dominique Votion ne s’explique pourtant pas pourquoi il y a si peu de cas dans le sud [3]. La maladie garde encore une partie de ses mystères.
#2 – La maladie n’est pas présente partout en Europe
En constatant la répartition des cas de la myopathie atypique en Europe, on pense que la présence d’érables sycomores n’est pas la seule condition au développement de la maladie [1]. Il faudrait plutôt la coexistence de conditions environnementales spécifiques (climat, biogéographie). Cette “démarche géographique” (démarche de réflexion sur le lien entre l’environnement et la maladie) est actuellement très étudiée.
Voyez ici la répartition des cas en Europe :
Depuis 2006, plusieurs pays ont été touchés. Toutefois, 41 % des cas se situent en Belgique, en France et en Allemagne. On notera également que depuis même date, la maladie est présente aux Etats-Unis. [2]
#3 – La myopathie atypique chez le cheval est une maladie saisonnière
La myopathie atypique est une maladie saisonnière. La plupart des cas se déclarent en automne et certains cas à l’été.
Pourquoi cette répartition ? En fait, on trouve l’hypoglycine A dans les plantules, dans les fleurs (anecdotique) et dans les samares d’érable. La plantule, c’est une jeune pousse issus de la germination de la graine d’érable. Evidemment, elle se développe au printemps, tout comme les fleurs.
Les chevaux, en broutant, peuvent ingérer ces plantules chargées en hypoglycine A. Quant à l’automne, c’est la saison des samares, eux aussi riches en toxines.
Plus il y a de vent, plus ils se disséminent dans l’environnement et plus le risque est augmenté. Les études ont également montré que la pluie (elle pourrait favoriser la tombée des samares au sol) [3] et les premiers jours de gel (le froid dépréciant le métabolisme énergétique du cheval) étaient des facteurs favorisants [4]. Notons que novembre, particulièrement venteux, a été le mois le plus mortel en 2016 [4].
Il faut bien comprendre que ça n’est pas une maladie contagieuse. En effet, elle ne se transmet pas d’un cheval à l’autre. Cependant, son apparition étant liée à des conditions environnementales particulières, plusieurs chevaux pâturant sur une même prairie peuvent ingérer la toxine et être atteints en même temps.
#4 – Il faut réagir très vite face à un cas de myopathie atypique
Il vous faut identifier les premiers signes de la maladie pour pouvoir intervenir précocement.
Dans la grande majorité des cas, le cheval est faible et se déplace bizarrement, comme s’il était très raide. C’est dû à la paralysie musculaire. Puis, il se couche sur le flanc et finit par ne plus pouvoir se relever.
Sa fréquence cardiaque est un petit peu augmentée (>45 battements/min). La température rectale, quant à elle, reste le plus souvent normale (autour de 37°C) mais peut également diminuer ou augmenter.
Vous pourrez peut-être observer que ses urines sont rouges-marrons et que les muqueuses (gencives notamment mais aussi à l’oeil) sont plus ou moins congestionnées (de couleur rouge).
Le cheval peut également présenter des tremblements et être en sueur sans avoir fait d’exercice.
Ne vous laissez pas avoir par un cheval qui continue à manger en vous disant qu’il n’est pas si abattu que ça. En effet, dans plus de 70% des cas, l’appétit est conservé. Il peut même être augmenté (environ 1 cas sur 5) !
Le cheval peut avoir du mal à déglutir en raison de la paralysie musculaire. Aussi, il peut présenter des difficultés respiratoires dus à la paralysie des muscles de la respiration [2]. Souvent, ces chevaux finissent par mourir car ils ne peuvent plus respirer correctement.
#5 – La myopathie atypique est une maladie très grave
Pour vous donner une idée du nombre de cas, à l’automne 2016, 181 cas ont été répertoriés par le RESPE (Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine) en France. Toutefois, on estime que cela ne représente que 15 à 20% des cas réels [3] ! Il y aurait donc environ 900 à 1200 cas en France à l’automne tous les ans.
75% des chevaux décèdent malheureusement dans les 72h [4] !
Le problème, c’est qu’on ne connaît pas exactement la dose toxique d’hypoglycine A. Cependant on sait qu’elle est très faible : 20 à 100 grammes soit seulement une poignée de samares ou de plantules. De plus, cette dose semble varier d’un individu à l’autre [4] !
Dès que vous observez les premiers signes cliniques, appelez immédiatement votre vétérinaire. Plus son intervention est précoce, plus vous pouvez espérer une issue favorable. Bien qu’il n’existe aucun antidote à la toxine actuellement.
#6 – Identifiez si votre cheval est à risque
Certains chevaux sont plus facilement touchés que d’autres. Notamment parce que leurs défenses naturelles sont diminuées. Les chevaux de moins de 3 ans (et surtout les poulains de 18 mois) et les chevaux plus âgés (en particulier les très vieux) déclenchent plus souvent la maladie.
Les individus maigres ou d’embonpoint normal sont plus à risque que les obèses. Cependant ce n’est pas pour ça qu’il faut laisser grossir votre cheval. Il faut donc être particulièrement vigilants avec ces individus sensibles.
A propos du surpoids : Voici ce que risque votre cheval s’il est en surpoids
Les chevaux non vaccinés et non vermifugés sont également plus touchés [2] : veillez donc à ce que vos loulous soient à jour !
En savoir plus : 4 choses que vous ignorez sur les vermifuges pour les chevaux
Si malheureusement votre cheval est touché par la maladie, des chercheurs ont réussi à mettre en place un test sanguin qui permet de déterminer les chances de survie du cheval [5]. En effet, les « Acylcarnitines » sont les témoins de la dysfonction du système métabolique du cheval. Le dosage de 3 d’entre elles permet de déterminer le pourcentage de chances de survie du cheval. Le problème reste que seul un laboratoire en France permet ces tests là, et que la réponse est connue 48h après réception des échantillons, sans compter le délai de la poste. Malheureusement il est souvent déjà trop tard… 😔
#7 – Prenez des mesures préventives [1]
Si vous êtes situé sur une zone à risque, veillez à respecter au maximum les consignes de prévention suivantes :
- Faites un tour de vos pâtures (et des pâtures environnantes) pour évaluer les risques : y a-t-il des érables sycomores ? Des samares ? Des plantules ? Si oui, essayez de détruire les jeunes plants. Evitez tout de même les produits chimiques. Eventuellement, vous pouvez brûler les semis ou utiliser une herse à chaîne. Attendez que les plantules se décomposent avant de remettre des chevaux dans ces pâtures. Envisagez également la taille des érables à proximité des pâtures afin d’éviter la production de fleurs et de graines. Notez que couper tous les érables du coin n’est pas une solution et peut causer de réelles difficultés avec la commune ou avec le voisinage. Notons que 80% des cas se déclarent dans une pâture qui contient des érables sycomores (et des chevaux) depuis plusieurs années et dans lesquelles il n’y a jamais eu de problème. Vous ne pouvez donc pas considérer qu’une telle prairie est sans risque.
- Retirez les amas de feuilles en automne ;
- Rentrez en priorité les jeunes chevaux à l’écurie lorsqu’un cas de myopathie atypique se déclare sur une pâture à proximité ;
- Pratiquez la rotation des pâturages pour offrir exclusivement des prairies fournies ;
- Vaccinez et vermifugez régulièrement vos chevaux ;
- Nourrissez-les avec des concentrés au printemps et l’automne ou augmentez raisonnablement la ration s’ils en recevaient déjà (demandez conseil à votre vétérinaire) ;
- Ne placez pas les aliments à même le sol ;
- Rentrez les chevaux à l’écurie lorsque les conditions climatiques sont défavorables (pluie, vents violents, premiers jours de gel etc) pendant les périodes à risque ;
- Abreuvez les chevaux avec de l’eau de distribution ;
- Mettez une pierre à lécher en permanence à disposition ;
Si vous êtes sur une zone à risque et que vous en avez la possibilité, n’hésitez pas à mettre vos chevaux dans une stabulation permanente pendant les périodes critiques ou au moins, réduisez le temps qu’ils passent au pâturage.
#8 – Activez le réseau de surveillance
Depuis 2005, il existe un réseau d’alerte de la Myopathie Atypique qui s’appelle l’AMAG (Atypical Myopathy Alert Group). Initié et géré par l’Université de Liège en Belgique, il rassemble les chercheurs et vétérinaires européens confrontés à la maladie. Depuis l’apparition des premiers cas français en 2002, le RESPE participe également à la surveillance au niveau européen.
Si vous avez connaissance d’un cas, il est très important de le déclarer pour faire jouer la surveillance et peut-être permettre à des gens de mettre leurs équidés à l’abri.
- En tant que propriétaire, remplissez ce questionnaire.
- En tant que vétérinaire, remplissez ce questionnaire.
J’espère que cet article vous a apporté toutes les informations nécessaires. L’objectif n’était pas de vous faire peur mais bien de vous apprendre à réagir rapidement.
A bientôt pour un prochain article.
Marine Slove,
Vétérinaire et directrice produit chez Equisense
Sources
[1] Faculté de Médecine Vétérinaire de Liège, “Myopathie atypique des équidés” [En ligne] Disponible sur : http://labos.ulg.ac.be/myopathie-atypique/ [Consulté le: 24-oct-2017]
[2] D. Votion, “La myopathie atypique des équidés”, Equipaedia 2014. [En ligne] Disponible sur : http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/reglementation/vente/vices-redhibitoires.html [Consulté le: 23-oct-2017].
[3] D. Votion, “Travaux de recherche sur la myopathie atypique et impacts sur la filière”, JRE 2017. [En ligne] Disponible sur : https://youtu.be/Esd__7SpYn8 [Consulté le: 24-oct-2017]
[4] D. Votion, “Myopathie atypique : les questions relatives au risque automnal”, équi-vod, Oct. 2017. [En ligne] Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=m9LWobNeZqw [Consulté le: 24-oct-2017]
[5] D. Votion, « Myopathie atypique : les outils du vétérinaire », Equi-vod, Oct. 2018. [En ligne] Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=8bnMNb9llvs [Consulté le 4 octobre 2018]
Illustrations
Maple by Yeong Rong Kim from the Noun Project
Erable sycomore : https://www.planfor.fr/achat,erable-sycomore,1527,FR
Feuille d’érable sycomore et samares : http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/arbres/erable_sycomore.htm
Merci pour cet article.
Je tiens simplement à souligner que la feuille présentée dans votre article censée représenter l’érable sycomore n’en est pas une: c’est, sauf erreur, une feuille d’érable plane ‘Acer platanoides’. La feuille d’érable sycomore est dentée et lobée différemment.
Bonjour Loreyna !!
Merci pour votre commentaire. C’est une regrettable erreur de notre part qui a été rectifiée.
A très vite sur le blog.
Camille Saute
Bon article sauf que … vous omettez la toxine dans les plantules au printemps …https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10211037684337967&set=oa.726306370854451&type=3&hc_location=ufi
sans oublier de préciser : Myopathie atypique des ÉQUIDÉS ( chevaux, ânes, mules, poneys, zèbres etc)
Pouvez vous refaire un article et publier sur mon groupe ?
attention ! la feuille présentée est une feuille d’érable plane, arbre un peu moins à risque. la feuille de syco est dentellée tout le long
Bonjour !!
Merci pour cet oeil attentif 🙂 Nous avons changé la photo, j’espère que cette fois ci c’est la bonne 😉
A très vite,
Camille Saute
Merci pour cet article!
J’en profite pour rappeler qu’en cette même saison d’automne, il faut être vigilant à la consommation de glands de chêne, puisqu’ils sont également toxiques pour les chevaux. Malheureusement nous l’avons découvert trop tard et perdu 2 chevaux l’année dernière, l’intoxication étant mortelle et foudroyante… Depuis, nos chênes sont exclus des pâtures et la présence de glands portés par le vent est soigneusement surveillée.
merci pour cet article je pense qu’on va faire un petit tour du pré en rentrant de vacance
Merci pour cet article très intéressant et les compléments apportés dans les commentaires.
Soyons vigilants sur l’érable negundo considéré, pour ce que j’en sais, comme espèce exotique envahissante en région Centre-Val-de-Loire également.
Bonne continuation !
Bonjour j ai un poulain 4 mois atteins premiers signe il y a 14 jours veto pas voulu venir le sœur venu 24h plus tard fait moi même orinuparal dexadreson camalgine mercredi soir et jeudi Le veto venu 19h ayant appelé 4 veto qui n ont pas voulu bouger Perf energidex Ps Mis en place réd cell lacto muscle ekyrenal electrolyte Ps cpk 1700 urée crest OK Perf le vendredi ringer et trait pers os Samedi dimanche veto veut pas reperfuser je vais chercher du selepherol 30ml I’m avec oripural dexadreson et suite per os Demande perf le lundi OK… Lire la suite »