Comment programmer l’entrainement de son cheval sur une saison entière
Et si cette année on commençait à préparer un peu plus l’entrainement de son cheval? Comme par exemple se fixer des objectifs précis comme 1 ou 2 concours importants en plus des Championnats. Ça serait bien non ? Et si on allait même plus loin en préparant 1 an de séances à l’avance ? Impossible ? Et bien non ! La seule chose c’est que cette planification, que nous cavaliers français ne faisons pas du tout, demande un peu de réflexion. Ça ne vous fait pas peur ? Alors c’est parti, parlons de la programmation de l’entrainement du cheval.
Table des matières
- Le pré-requis pour programmer l’entrainement de son cheval : se fixer des objectifs précis
- Les bases de la programmation de l’entrainement du cheval
- Evaluer la charge d’entrainement pour définir le contenu de chaque semaine
- Etablissons ensemble votre planning de l’année
- Quel outil utiliser pour suivre tout ça ?
- Conclusion
Le pré-requis pour programmer l’entrainement de son cheval : se fixer des objectifs précis
Avant toute chose, sachez que pour programmer l’entrainement de son cheval, il faut se fixer des objectifs. Ces objectifs ici sont plutôt des gros concours type concours sur 3 jours. Ça peut être un concours type Le Touquet pour les gens qui comme nous sont dans la moitié Nord de la France, ou comme les championnats de France en Juillet / Août.
Ça parait une évidence, mais en vrai je suis sûre que seule une minorité des cavaliers savent dès le mois de Septembre quel sera leur calendrier de concours. Or sans ça, impossible de se préparer efficacement.
“Débuter une saison sans objectif précis est une démarche aléatoire et donc hasardeuse.”
Patrick Galloux
Venons en aux faits.
Les bases de la programmation de l’entrainement du cheval
En fait ce qui va suivre n’est pas spécifique au cheval, mais bien à tous les sports. Il s’agit donc de considérer votre cheval et vous même, comme des athlètes à part entière. C’est un peu ce qu’on revendique, non ?
Alors accrochez vous quelques minutes, c’est important. On va partir de l’échelle de l’année jusqu’à aller à la semaine. Les termes « officiels » sont les suivants :
- Une saison (= une année)
- Une séquence (~un semestre)
- Une période (~un trimestre)
- Un cycle (= un mois)
- Un micro-cycle (= une semaine)
On va les prendre un par un pour que vous compreniez à quoi ça sert.
Les séquences
En fait, une saison, donc une année, est séparée en séquences. Il y a autant de séquences que de compétitions objectifs que l’on se fixe. Je ne parle pas des petits concours du dimanche mais bien des gros concours (genre concours sur 3 jours). Imaginons que vous avez un gros concours de prévu au mois de mai ainsi que les championnats de France en Juillet. Votre saison sera donc découpée en 2 séquences. On fixe la limite de 4 gros objectifs dans une saison, donc maxi 4 séquences dans l’année.
1 séquence = 4 périodes
Chaque séquence sera ensuite divisée en 4 périodes :
- Le développement (qui représente au moins 50% de la séquence)
Pendant cette période la charge de travail est importante, les séances sont longues mais peu intenses. C’est pendant cette période là que l’on travaille l’apprentissage (comme les changements de pieds par exemple), la technique et le renforcement musculaire.
La période de développement peut être coupée en deux avec une phase de repos si elle est trop longue.
- Le pré-concours (qui représente ~30% de la séquence avec un maximum de 2 cycles)
Pendant cette période plus courte on recherche plutôt l’explosivité et la puissance. Pour ça les séances sont plus courtes qu’avant mais plus intenses et plus techniques.
- Le concours objectif (qui représente ~10% de la séquence)
Cette période est assez courte et se termine par l’un des objectifs de compétition qu’on s’était fixé. Il s’agit de faire des séances assez courtes mais très techniques, type concours en fait.
- La régénération (qui représente ~10% de la séquence)
C’est la période post gros concours objectif. C’est le moment de laisser le cheval souffler un peu. Donc on lui laisse quelques jours de repos avant de recommencer tranquillement vers la prochaine séquence.
Les cycles et micro-cycles
Ensuite, dans chaque période on va compter plusieurs cycles. Les cycles sont en fait des mois.
Enfin, les cycles sont divisés en micro-cycles. Les micro-cycles sont en fait des semaines. Ici on prendra le cas de 1 cycle = 4 micro-cycles : 3 micro-cycles de progression + 1 micro-cycle de repos relatif.
Le niveau de charge de travail de ce micro-cycle de repos-relatif correspond au niveau de la première semaine du cycle.
Pour résumer …
Pour bien préparer une saison, il faut se fixer des objectifs. Ces objectifs (2 ou 3 gros concours dans l’année), vont jalonner votre saison et la diviser en autant de séquences.
Chaque séquence sera découpée en 4 périodes dont l’intensité du travail et la durée des séances évoluera.
Dans ces périodes, des cycles de 4 semaines sont construits de manière à faire 3 semaines de progression et une semaine de repos relatif. Et ça donne … ça !
Prenons un exemple
Gardons le même exemple de 2 gros objectifs dans l’année (Le Touquet au début du mois de mai et les championnats de France en juillet).
De fin août à mi février vous serez dans la période de développement qui est coupée en deux parce qu’elle est assez longue. La charge de travail des séances va en augmentant, en respectant toujours les cycles à savoir 3 semaine de progression, 1 semaine de “repos relatif”. Pendant cette période, vous travaillerez le fond (le physique du cheval), les nouveaux apprentissages et la technique
A partir de mi-février vous entrerez en période de pré-compétition. La charge de travail va en décroissant, mais l’intensité elle augmente. Vos séances seront plus courtes mais plus denses et plus techniques. C’est une période où vous travaillerez de manière plus spécifique selon l’objectif à venir.
Un mois avant le concours objectif, ça sera la période de compétition. Les séances sont courtes et se rapprochent de ce qui est attendu pendant la compétition.
Enfin, les deux semaines qui suivent la compétition sont dédiées à la récupération. Le cheval doit se remettre de cette première séquence et se reposer suffisamment pour repartir sur la séquence suivante.
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Evaluer la charge d’entrainement pour définir le contenu de chaque semaine
Là on a construit la saison à grande et moyenne échelle. Maintenant, on veut savoir jour après jour ce qu’on va vraiment travailler. Il nous faut du concret !! Mais pour savoir quoi faire chaque jour, il faut d’abord définir la charge de travail propre à chaque séance.
La charge de travail pour faire simple, c’est la quantité d’énergie dépensée par le cheval pour effectuer une séance.
C’est assez flou. Et surtout, ça dépend de beaucoup de paramètres : le niveau d’entrainement, l’âge, le sexe, le poids … Faisons simple et regardons en dressage, obstacle et extérieur ce qui va influer sur la charge de travail.
Les séances de dressage /plat
On peut définir 3 types de séances de dressage :
- Le stretching qui n’a pour but que la récupération, où on travaille la souplesse, la mise en main, dans une attitude basse et ronde. Il n’y a pas de difficulté technique.
- Le travail de technique qui là va permettre de travailler l’apprentissage et la mécanisation du cheval. C’est aussi valable pour des chevaux de CSO à qui on va demander du travail d’équilibre, de contrôle et pour qui on va aborder du rassembler. C’est là qu’on pourra faire du travail de barres au sol par exemple.
- Le renforcement musculaire qui là va faire travailler de manière énergique la musculation du cheval grâce à des exercices de type barres surélevées, travail du reculer et du départ de manière énergique etc.
La charge de travail va en croissant : stretching < technique < renforcement musculaire.
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Les séances d’obstacle
Là on distingue 4 types de séances :
- La gymnastique qui va consister à faire des exercices sur des cavalettis pour routiner le cheval, améliorer sa technique et son contrôle sans forcer. Ces séances sont importantes mais peu sollicitantes.
- La mécanisation où là la hauteur peut être abordée. Ça peut être des lignes bien construites, et faciles peuvent permettre d’approcher des hauteurs plus importantes. Ou bien des exercices type 8 de chiffre à l’obstacle, lignes courbes…)
- Les enchaînements type concours.
- Le renforcement musculaire à l’obstacle cette fois-ci, avec des sauts au pas, des sauts de puce, des sauts larges et sans élan, des contre-haut ou contre-bas.
La charge de travail va là aussi en croissant : gym < mécanisation < enchaînements < renforcement musculaire.
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Les séances de trotting et galop
On distingue plusieurs types de séances :
- Les trottings “classiques” de 30min sur terrain plat
- Les trottings “en terrain varié” qui comportent donc du dénivelé
- Les galops fractionnés (3min de galop – 2 min de trot répété 4 fois par exemple). Plus le temps de trot est faible, plus c’est difficile.
- Les galops en continu
Il est évident que pour chacune de ces séances, la durée et la vitesse adoptée vont avoir un impact sur la charge de travail. Influeront également : la qualité des sols aussi (un sol profond sera plus difficile pour le cheval), le dénivelé (un terrain varié sera plus facile qu’une unique grosse montée/descente) et bien sûr l’entrainement.
Grosso-modo on va dire que trotting < trotting en terrain varié < fractionné < galops.
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Comment répartir ces séances dans la semaine ?
L’idée c’est de donner une valeur, un nombre de points à chacune de ces séances types en fonction de la charge de travail que ça représente.
Les scores donnés à chaque séance-type sont donnés ici à titre d’exemple et dépendent bien évidemment du contenu que vous y mettrez. Ils sont à adapter à votre cheval. Mais voilà un exemple de charge de travail pour un cheval de CSO :
Type de séance | Pts | Description |
Paddock | 1 | Ne compte pas pour les chevaux qui y vont tous les jours |
Liberté | 2 | |
Marcheur | 2 | Au pas |
Promenade | 2 | Au pas, monté |
Longe | 3 | |
Longe + | 4 | Enrêné ou avec barres au sol |
Stretching | 4 | Rechercher la souplesse, typiquement en attitude bas et rond |
Cavalettis | 4 | Travail sur des petits obstacles, type cavalettis |
Trotting | 5 | 30-45 min, terrain plat |
Galop (1) | 5 | 2000m à 350m/min = galop de CSO pendant 6 min en 1 fois |
Technique dress | 5 | Mécanisation en dressage – rechercher la qualité d’exécution (travail de barres au sol, aborder le rassembler …) |
Mécanisation obst | 5 | Mécanisation à l’obstacle – rechercher la qualité d’exécution (lignes, exercices type 8 de chiffre à l’obstacle…) |
Galop (2) | 6 | 2000m à 450m/min = galop de cross modéré pendant 4min 30 en 1 fois |
Trotting en terrain varié | 6 | 30-45 min, avec du dénivelé |
Enchainement | 6 | Type parcours de concours |
Galop (3) | 7 | 4000m à 450m/min = galop de cross modéré pendant 9min en 1 fois |
Renforcement musculaire | 7 | sauts au pas, sauts de puce, contre haut et contre bas, sauts larges au trot, reculer et départ, barres surélevées … |
Concours | 8 |
Ensuite les séances sont réparties dans la semaine et les points additionnés. Il faut que le total des points de la semaine respecte l’évolution du graphique présenté au dessus. A savoir : augmentation de la charge de travail pendant la période de développement, diminution pendant les trois autres périodes.
Voilà un exemple de répartition semaine après semaine pour le début de la période de développement :
Etablissons ensemble votre planning de l’année
Cette démarche vous intéresse ? Alors voyons ensemble comment établir tout ça, quels outils utiliser etc.
On commence par les objectifs
Commencez par vous demander quel est l’objectif principal de votre saison. Les championnats de France ? Un international ? Faire enfin une 120 ? Peu importe votre niveau, un objectif, c’est un objectif !
Fixez vous un concours et un niveau qui sera votre objectif principal.
Fixez vous ensuite un, deux ou maximum trois objectifs intermédiaires. Posez-les dans un calendrier comme je vous ai proposé juste au dessus.
On répartit ensuite les périodes, les cycles et les micro-cycles.
Répartissez ensuite les périodes (développement, précompet, compet et régénération), en respectant leurs proportions (environ 50%, 30%, 10% et 10%).
Etablissez un plan de charge de travail
Reprenez le tableau des points de charge de travail par séance et établissez le score de charge de travail dont vous partez. Additionnez les points de la « semaine-type » que vous aviez jusque là, ça vous donnera un score qui sera votre base de départ.Dans le planning proposé juste au dessus, le score de charge de travail est de 28. Ça peut être beaucoup moins si votre cheval ne travaille pas tous les jours.
Par exemple : chaque semaine mon cheval qui fait 3 séances de longe, 1 séance de stretching, 1 séance de dressage, 1 séance de cavalettis et 1 trotting sur terrain plat. Ça fait un total de 3×3+4+5+4+5=27 points.
Etablissez ensuite le score de charge de travail semaine par semaine en fonction du niveau dont vous partez et en respectant 3 semaines de progression puis 1 semaine de repos relatif.
Et si vous voulez aller au niveau encore au dessus, vous pouvez déterminer pour chaque cycle un petit objectif technique ou physique. Exemple : “Sur le 4ème cycle de la phase de développement, je veux que mon cheval soit capable de faire son galop de type 2 avec un temps de récupération active de 5 min”. Ça vous aidera à piloter chaque semaine en ayant des petits objectifs hors compétition.
Remplissez les micro-cycles en fonction de tout ça
Enfin, remplissez chaque jour de chaque semaine en fonction du plan de charge de travail que vous avez établi.
Ça y est, vous avez votre année de prévue !
Quel outil utiliser pour suivre tout ça ?
Et oui, programmer l’entrainement de son cheval à l’échelle d’une saison ne peut être vraiment fait qu’en se fixant des objectifs mais également en s’obligeant à mesurer et à suivre tout ce que l’on fait.
La première chose à faire est de commencer par noter toutes les séances qui ont été faites. Noter ce qui a été fait, à quelle intensité, la fréquence de répétition des exercices etc. L’idée c’est de pouvoir noter un maximum d’informations pour ensuite adapter les séance qui suivent et s’assurer de la cohérence de la séance par rapport au planning de l’année.
Equisense Motion ou Equisense Motion S vous seront d’une grande aide pour ça. Grâce à ça vous pourrez suivre précisément ce que vous avez fait et les progrès effectués :
- discipline
- durée
- temps passé à chaque allure
- nombre de sauts
- nombre de transitions
- répartition à chaque main
- fréquence cardiaque
- vitesse
Le fait de pouvoir suivre et mesurer vous permettra toujours d’ajuster votre travail si vous constatez que certains progrès tardent à apparaître.
Le saviez-vous ?
Même sans avoir le capteur, vous pouvez utiliser l’application comme tracker GPS pour mesurer votre vitesse et le dénivelé lorsque vous partez en balade, vous pouvez également l’utiliser comme carnet de suivi et rentrer manuellement toutes les séances que vous avez faites. Vous pouvez enfin entrer tous les soins effectués sur votre cheval !
Aussi, l’application Equisense comporte près de 300 exercices et programmes d’entrainement dans lesquels vous pourrez aisément piocher pour agrémenter vos séances
Conclusion
Voilà la partie théorique de la programmation de l’entrainement. De quoi se rendre compte de l’écart entre notre pratique et ce qu’il faudrait idéalement faire ! Mais pas de quoi culpabiliser, le tout c’est de s’y mettre
Et pour ceux qui ne font pas de compétition, vous aussi fixez vous des objectifs et inspirez vous de ce planning pour mieux structurer vos séances
A bientôt pour un prochain article,
Camille Saute,
Directrice R&D chez Equisense.
Sources
P. Galloux, « Programmer son entraînement : exemple du concours complet d’équitation », Equipaedia, 2017. [En ligne]. Disponible sur: Equipaedia [Consulté le: 15-août-2018].
G. Bessat, P. Galloux, et P. Mull, « Planifier l’entraînement du cheval – Organisation générale », Equipaedia, 2017. [En ligne]. Disponible sur: equipaedial. [Consulté le: 15-août-2018].
P. Galloux, P. Mull, et G. Bessat, « Evaluation de la charge d’entraînement – Première approche », Equipaedia, 2017. [En ligne]. Disponible sur: Equipaedia. [Consulté le: 15-août-2018].
P. Galloux, « Construire les microcycles d’entraînement : exemple du concours complet », Equipaedia, 2017. [En ligne]. Disponible sur: Equipaedia. [Consulté le: 15-août-2018].
Image de couverture : ©Jérémie Garnier