Les 7 choses à savoir sur la musculation du cheval
Tous les cavaliers sont un peu obsédés par le fait d’avoir des beaux chevaux bien musclés. Or, comme on n’a pas encore d’haltères ni de banc de muscu pour chevaux, on leur fait faire « de la gymnastique » ! Mais est-ce bien efficace ? Vous-êtes vous déjà demandé pourquoi on vous dit de faire ça ? Comment ça se muscle un cheval en fait ? On vous dit tout dans cet article !
Mis à jour le 26 février 2021
J’ai interviewé pour vous éclairer sur le sujet le Dr Emmanuelle Van Erck, la vétérinaire des plus grands cavaliers de ce monde. Les muscles des chevaux n’auront plus aucun secret pour vous.
Table des matières
- #1 – Les différents types de muscles
- #2 – Les différents types de fibres
- #3 – Les différentes répartitions des fibres
- #4 – La gestion globale de l’entraînement pour un cheval bien musclé et bien entraîné
- #5 – Les muscles agonistes et antagoniques
- #6 – Les différents types de contractions
- #7 – Des exercices pour muscler les différentes parties de votre cheval
#1 – Les différents types de muscles
Parlons d’abord un peu d’anatomie et de physiologie pour bien saisir de quoi on parle.
Il existe 3 types de muscles :
- Les muscles squelettiques. Ce sont eux qui relient les différents segments osseux entre eux.
- Les muscles lisses. Ces muscles là ne sont pas contrôlés volontairement. C’est le cas des muscles du tractus digestif, de l’oesophage ou de la paroi des vaisseaux sanguins par exemple.
- Le muscle cardiaque qui est un intermédiaire entre les deux précédents.
On ne parlera ici que des muscles squelettiques parce que ce sont eux que l’on peut travailler volontairement.
#2 – Les différents types de fibres
Pour faire simple, un muscle squelettique c’est un regroupement de fibres musculaires. Il existe plusieurs types mais on distingue trois principaux.
Selon la composition du muscle en fibres, celui-ci n’aura pas les mêmes réactions à l’effort.
- Les fibres rouges ou fibres lentes (type I) sont des fibres qui se contractent lentement, avec une force relativement faible mais elles sont très résistantes à la fatigue. Elles ont besoin d’oxygène en grande quantité c’est pour ça qu’elles sont très vascularisées. Ce sont donc des fibres adaptées aux exercices de longue durée, type endurance.
- Les fibres blanches ou fibres rapides (type IIB). Les fibres de type IIB se contractent rapidement et avec force mais se fatiguent très vite. Elles sont donc adaptées aux exercices de courtes durées. Ce sont des fibres adaptées aux exercices comme les sprints.
- Les fibres de type IIA qui elles ont une contraction moyennement rapide, moyennement forte et elles sont moyennement fatigables. Elles sont intermédiaires entre les fibres de type IIB et type I.
Si on résume ça donne ça :
Type de fibre | Type I | Type IIA | Type IIB |
---|---|---|---|
Aspect | Rouge | Rosé | Blanc |
Diamètre | Petit | Moyen | Gros |
Force | Faible | Moyenne | Elevée |
Fatigabilité | Faible | Moyenne | Elevée |
Contraction | Lente | Moyenne | Rapide |
Type d’effort | Endurance | Intermédiaire | Sprints |
#3 – Les différentes répartitions des fibres
En fait, la répartition des différents types de fibres dépend de plusieurs choses.
La répartition des fibres dépend des muscles
En effet, les muscles « posturaux », sont sollicités tout le temps pour maintenir le cheval en position debout. A ce titre, ils doivent être riches en fibres de type I et en type IIA. C’est le cas des muscles du dos ou de la mâchoire par exemple. Pour la mâchoire, certains d’entre eux peuvent contenir 100% de fibres de type I.
A l’inverse, certains muscles des cuisses comme le semi-tendineux peuvent ne contenir que 5% de fibres de type I. Ces muscles sont donc uniquement dédiés aux mouvements rapides et énergiques.
La répartition des fibres dépend de la race du cheval
En effet, selon la race, pour un muscle donné, la répartition entre les différents types de fibres peut varier énormément. Cela explique pourquoi certaines races de chevaux sont plus prédisposées aux efforts d’endurance par exemple !
Prenons l’exemple du muscle glutéal moyen (un muscle dans la fesse). Pour le Quarter Horse il contient en moyenne 9% de fibres de type I, contre … 24% chez l’âne ! Le Quarter Horse est également celui qui possède le plus de fibres de type IIB pour ce muscle là (40%), ce qui explique pourquoi c’est un excellent sprinteur.
Si vous avez un âne, n’essayez donc pas de le mettre à la course. C’est perdu d’avance …
La répartition des fibres varie avec l’entraînement
Enfin, l’entraînement a aussi son rôle à jouer dans la répartition entre les différentes fibres.
En effet, plus vous travaillerez les exercices « longs et lents » type endurance (séances de plat assez longues, trotting…), plus vous augmenterez le pourcentage de fibres de type I.
A l’inverse, plus vous travaillerez les exercices explosifs (cavalettis, sauts de puce, départs arrêtés, courses rapides mais courtes…) plus vous augmenterez le pourcentages de fibres de type II.
Selon ce que vous faites comme discipline, il est donc important d’avoir un travail équilibré et adapté !
C’est exactement comme chez l’Humain ! Les marathoniens à force de s’entraîner en endurance vont gagner en fibres de type I. Et d’ailleurs les types I elles sont d’un diamètre plus petit que les type II et ça colle avec le fait que les marathoniens aient un physique « sec » !
A l’inverse, les body builders vont eux s’entraîner à soulever des charges lourdes sur des efforts brefs. Ils vont donc augmenter le pourcentage de fibres de type II qui sont d’un diamètre plus gros ! C’est la gonflette. 💪🏻
📚 A lire aussi : Les bons gestes à adopter face à une myosite chez le cheval
#4 – La gestion globale de l’entraînement pour un cheval bien musclé et bien entraîné
Comme je le disais juste au dessus, selon la discipline que vous voulez faire avec votre cheval, il faut gérer son entraînement différemment ! Et là je laisse Emmanuelle Van Erck vous parler un peu de la gestion plus globale de l’entraînement 🎓
La base d’endurance
“Pour tout type d’entraînement, pas de secret il faut commencer par construire une base « d’endurance », en travaillant sur des exercices d’intensité faible à modérée (trotting par exemple) pendant au moins 45 minutes. On soigne et on développe les fibres de type I qui permettent de « tenir » l’effort et de récupérer les surplus d’acide lactique produit par les fibres de type II
Le bodybuilding
Après 4 semaines, le muscle est prêt à développer plus de résistance et de force. On passe à l’étape suivante : le « bodybuilding », qui se charge maintenant de travailler les fibres de type II. On introduit 2 à 3 fois par semaine des exercices de gym : travail rassemblé, travail sur 2 pistes, cavalettis, petits obstacles, travail dans l’eau ou sur des pistes de profondeur variables.
📚 Pour en savoir plus –> « 5 exercices de renforcement musculaire à l’obstacle »
L’idée est d’avoir des exercices de « résistance » relativement courts mais intenses, entrecoupés de phases de récupération au cours duquel le cheval retrouve son souffle et sa fréquence cardiaque redescend. Ces exercices permettent de développer la taille des muscles du cheval : le bénéfice est visible.
📚 Pour en savoir plus –> « C’est quoi le rassembler ? »
Si on reste trop sur du « long et lent », il y a un risque de remplacer les précieuses fibres II par des fibres I lentes : le cheval perd alors de sa puissance. Si c’est un cheval d’obstacle, il va perdre de sa puissance et de sa vitesse sur les obstacles : donc pas trop de marcheur ni de séances de plus d’une heure sur le plat !
On peut alterner ces séances avec des sessions en extérieur, où le cheval peut réaliser des galops allongés, bons pour la condition, la respiration et l’étirement musculaire.
📚 Pour en savoir plus –> « Voici la seule manière de travailler le cardio de votre cheval »
La récupération
Attention ! Après des séances intenses ou des compétitions, il faut au moins 48-72 heures pour que le muscle du cheval récupère entièrement (contre 24 à 48 h chez nous). Il est donc important de ne pas faire des séances trop rapprochées sur une semaine.
Le cheval est un super athlète né : même quand il se balade au pré, il est 100 fois mieux entraîné que n’importe quel athlète humain. En plus il répond très rapidement à l’entraînement et ne se « désentraîne » pas aussi facilement que nous. Même après un mois d’arrêt, il ne perd presque rien de son niveau de condition.”
📚 A lire aussi : Tout ce qu’il faut savoir sur la récupération après l’effort chez le cheval
#5 – Les muscles agonistes et antagoniques
Pour bien comprendre comment muscler efficacement un cheval, il est important de connaître quelques notions de biomécanique.
En fait, à chaque muscle correspond un autre muscle qui permet de faire le mouvement inverse. Ces muscles sont dit antagonistes. Comme le biceps et le triceps par exemple !
Ainsi, quand on dit que deux muscles fonctionnent de manière agoniste c’est que tous les deux vont faciliter le mouvement recherché. Quand on dit qu’ils travaillent de manière antagoniste c’est qu’ils vont s’opposer l’un à l’autre !
Si je parle de ça c’est parce que la présence de ces muscles antagonistes permet plusieurs types de contractions que l’on doit combiner pour muscler le cheval dans sa globalité.
#6 – Les différents types de contractions
Il existe 3 types de contractions différentes:
- Concentrique : Ce type d’effort correspond à un rapprochement des extrémités du muscle qui du coup se gonfle. Le muscle antagoniste va par opposition s’étirer, ses extrémités vont s’éloigner. Dans le cas du bras, le biceps va « gonfler » et le triceps va s’étirer.
- Excentrique : cette fois ci, le muscle va se contracter alors que ses extrémités s’éloignent. Comment est-ce possible ? Reprenons le bras, cette fois avec un poids dans la main. Quand vous allez faire « baisser le poids » donc faire une extension de l’avant bras, le biceps va résister à ce mouvement alors qu’il s’étire. C’est une contraction excentrique. La contraction excentrique c’est en fait une force de freinage. La force excentrique permet de développer une force supérieure par rapport à un effort concentrique.
- Isométrique (ou statique) : cette fois-ci la contraction n’entraîne aucun mouvement. Prenons l’exemple du trot assis, il pourrait vous arriver (par erreur bien sûr 😉) de serrer les cuisses pour maintenir votre équilibre mais celles-ci ne bougent pas. Le muscle interne de la cuisse (adducteur) est donc en contraction isométrique. Ce type d’effort permet de développer une force encore supérieure à la contraction excentrique.
Ce qui est important là dedans c’est que pour muscler efficacement une zone spécifique, il faut que les exercices utilisent les 3 types de contractions ! Ce qui nous amène à des exemples concrets …
#7 – Des exercices pour muscler les différentes parties de votre cheval
Pour ça je vous renvoie aux différents articles que j’ai écris sur le sujet :
➡️ L’encolure : « Comment muscler l’encolure de son cheval ? »
➡️ Le dos et les abdominaux : 3 choses à savoir pour muscler efficacement le dos de votre cheval
➡️ Le poitrail : « Voici comment muscler le poitrail de son cheval »
➡️ Les fesses : « Voici comment muscler l’arrière main de son cheval »
➡️ Et puis un petit article sur le cavalier aussi ! T’es cavalier et tu fais pas de gainage ? Nan mais allô quoi !
Alors voilà, maintenant vous savez tout sur ces précieux muscles dont on se soucie tant ! Et en plus, vous pouvez suivre tous vos entrainements pour vous assurer que vous alliez dans le bon sens grâce à Equisense Motion S, notre capteur connecté qui analyse vos séances ! Vous pourrez ainsi savoir combien de temps vous avez marché, combien de sauts vous avez fait et vous assurer que vos séances de plat ne dépassent pas trop 1h 😉
A très bientôt pour un prochain article,
Camille Saute,
Responsable R&D chez Equisense
Bibliographie
HOWALD, H., & WASSERMANN, D. (1988). Typologie des fibres musculaires. Dans Bioénergétique de l’exercice musculaire et de l’entraînement physique (pp. 52-58). Paris: PUF.
SNOW, D. (1983). Skeletal muscle adaptation: a review. Dans D. SNOW, S. PERSSON, & R. ROSE, Equine Exercise Physiology (pp. 160-183). Cambridge: Granta Editions.
E. C. Authie, « Contribution à l’évaluation de la charge de travail des jeunes chevauc de concours complet d’équitation à l’entraînement et en compétition. », Oniris, 2011.
Illustrations
Hand by Ben Davis from the Noun Project
Muscle by Davis Gladis from the Noun Project
Intestines by TUXX from the Noun Project
Heart by Anthony Bossard from the Noun Project