Les bons gestes à adopter face à une myosite chez le cheval
La myosite c’est une maladie musculaire (une myopathie) souvent liée à l’effort, qui peut-être très impressionnante et que tout propriétaire de cheval de sport doit connaître. En effet, sa bonne prise en charge est importante pour améliorer la remise au travail ensuite, et pour limiter la douleur du cheval. Faisons donc un point sur la myosite du cheval, aussi appelée “Coup de sang du cheval”.
Table des matières
- C’est quoi une myosite chez le cheval ?
- Comment reconnaît-on une myosite ou un coup de sang chez le cheval ?
- Quelles sont les causes des myosites chez le cheval ?
- Comment faire quand on est face à un cheval en coup de sang ?
- Comment se passe le traitement et la remise au travail après une myosite ?
- Comment faire pour éviter les coups de sang ?
- Conclusion
C’est quoi une myosite chez le cheval ?
C’est en fait une pathologie que l’on connaît sous plein de noms différents : Myosite, Coup de sang, Rhabdomyolyse, Maladie du Lundi, Tying Up, voire même PSSM ou RER pour des formes particulières…
Cette maladie s’apparente à des crampes très douloureuses et généralisées pour le cheval. Cela correspond en fait une destruction des muscles striés squelettiques, une forme de nécrose. D’ailleurs le terme Rhabdomyolyse est assez explicite : Rhabdo = strié / Myo = muscle / Lyse = destruction. CQFD.
Ce coup de sang peut apparaître de manière occasionnelle, ou de manière récurrente. Je vous explique la différence juste après.
Comment reconnaît-on une myosite ou un coup de sang chez le cheval ?
Déjà, la myosite se produit à l’effort. Souvent lors d’efforts intenses, ou en tout cas trop intenses pour le cheval. Si on l’appelle aussi Maladie du Lundi c’est parce qu’elle peut apparaître lors de la reprise de l’exercice après un moment d’arrêt, typiquement un dimanche passé au box.
Dans les cas de crises aiguës, le cheval se fige sur place de douleur et se raidit complètement. Il est incapable de bouger. On a un peu l’impression d’avoir un cheval qui fait le dos rond et qui se bloque. S’il est couché, il ne peut plus se relever.
Souvent il transpire à grosses gouttes (de manière assez impressionnante d’ailleurs). Il peut également avoir une fréquence cardiaque augmentée, des tremblements, des contractions musculaires non contrôlées et son urine se colore en marron ou en noir. Ce phénomène est lié à la destruction du muscle, qui libère de la myoglobine (la molécule qui stocke l’oxygène dans le muscle). Celle-ci passe alors dans l’urine et la colore en marron. D’ailleurs, cela peut entraîner une insuffisance rénale (qui peut être mortelle).
Dans le cas de crises plus discrètes, elles se remarquent par une boiterie des postérieurs à chaud, une raideur musculaire généralisée (le cheval semble être courbatu), et une douleur au niveau des postérieurs et du dos. Le cheval n’est clairement pas très bien au travail. En langage plus technique on dit qu’il est “contre-performant”.
Dans tous les cas, une simple prise de sang confirme le diagnostic. On teste le taux de Créatines Kinases (CK). Ce sont des enzymes qui sont libérées lors de la destruction du muscle. Cela permet de voir l’ampleur des dégâts.
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Quelles sont les causes des myosites chez le cheval ?
Les causes sont différentes si c’est une forme récurrente ou occasionnelle.
➡️ Pour les formes occasionnelles / sporadiques
Quand c’est occasionnel, c’est en fait un “accident” lié au caractère inapproprié de l’exercice au regard de la condition physique du cheval. Comme je le disais un peu au dessus, ça arrive lors de la reprise de l’effort suite à un arrêt ou lorsqu’on impose une trop grosse séance à un cheval non préparé. Attention, grosse séance, ça peut aussi vouloir dire qu’on va trop vite à l’effort. Typiquement une détente express avant d’aller sauter peut déclencher une myosite.
🔁 Pour les formes récurrentes
Dans le cas de formes récurrentes, c’est en fait lié à une prédisposition génétique. Il y a deux formes principales :
👉 La RER
La RER c’est en fait la Rhabdomyolyse d’Effort Récidivante. Elle est causée par un défaut de régulation du calcium dans la cellule musculaire.
La RER touche surtout les juments, pur-sangs (anglais et arabes) ainsi que les trotteurs. Contrairement aux autres formes, les crises peuvent aussi être déclenchées par le stress ou l’excitation au travail, sans forcément un effort trop important, ou encore lors d’un changement de routine ou d’environnement.
On observe des lignées prédisposées, laissant entendre que c’est génétique, mais le gène en question n’a toujours pas été trouvé.
👉 La PSSM
La PSSM c’est la Myopathie à Stockage de PolySacharrides. C’est là aussi une maladie génétique qui entraîne un problème de stockage de l’énergie dans la cellule musculaire. Au lieu d’être stockée sous forme de glycogène (la forme normale du “carburant” du muscle), l’énergie est stockée sous forme de gros polysaccharides que la cellule ne sait pas utiliser.
Elle touche principalement les chevaux de trait, les Quarter Horse ou même les Selle Français.
💡 Il existe deux formes de PSSM (type I et type II). D’ailleurs, un test génétique, basé sur un prélèvement de crins, existe pour savoir si votre cheval est atteint de la PSSM de type I. N’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire si vous avez un doute.
Comment faire quand on est face à un cheval en coup de sang ?
Face à une crise aiguë, il est important d’appeler tout de suite le vétérinaire.📲 Comme je le disais juste avant, le cheval risque de déclarer une insuffisance rénale face à toutes ces toxines qui affluent d’un coup.
⚠️ Ensuite, contrairement à ce qu’on peut croire, il ne faut ni marcher le cheval, ni le doucher (sauf en cas de canicule), même s’il transpire à grosses gouttes. Il vaut mieux le laisser sans bouger (pas pratique quand ça vous arrive en extérieur mais pas le choix), à moins qu’il ne bouge par lui-même. Vous pouvez également le couvrir. L’idée c’est d’aider à faire passer la douleur musculaire, et souvent le chaud fait du bien.
Vous pouvez également masser les endroits douloureux.
Une fois arrivé, le vétérinaire examinera le cheval et lui fera une prise de sang pour confirmer le diagnostic. Il pourra également le mettre sous perfusion s’il s’est trop déshydraté, éventuellement lui administrer des anti-inflammatoires pour soulager la douleur.
Le vétérinaire pourra même lui administrer des tranquillisants pour provoquer un relâchement musculaire.
⚠️ Attention, ne le faites jamais vous-même. Selon le niveau de déshydratation du cheval, le traitement peut empirer son état.
Comment se passe le traitement et la remise au travail après une myosite ?
Lors d’un crise aiguë et occasionnelle, le premier traitement c’est le repos. Le cheval doit se reposer jusqu’à retrouver des paramètres musculaires normaux. Une prise de sang sera d’ailleurs reprogrammée une ou deux semaines plus tard pour s’assurer que tout rentre dans l’ordre.
Selon la gravité de la crise, le repos peut aller de quelques jours à quelques semaines.
Souvent le vétérinaire préconise des promenades au pas pour éviter le repos complet qui pourrait redéclencher une myosite. Parce que oui, c’est possible de refaire une myosite au moment de la remise au travail post-myosite. C’est toute la difficulté de cette pathologie.
Pour des chevaux sujets à des crises récurrentes, la remise rapide au travail est primordiale. En effet, ce sont justement les changements de routine qui sont à l’origine des crises. Il faut donc retrouver rapidement cette routine, si bénéfique au cheval. Bien entendu la charge de travail est adaptée selon la gravité de la crise. Encore une fois, le vétérinaire vous dira comment gérer la remise au travail.
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Comment faire pour éviter les coups de sang ?
C’est tout l’enjeu de cette pathologie : la prévenir plutôt que la guérir.
1️⃣ La gestion de l’entraînement
Pour les cas occasionnels, la seule prévention c’est la bonne gestion du travail. Il s’agit de faire en sorte que le cheval soit amené progressivement au niveau d’intensité voulu et non de manière brutale. Une bonne programmation de l’entraînement avec un plan de charge respecté vous aidera avec certitude à aborder la progression plus sereinement. Au sein de chaque entraînement, pensez donc à faire des pauses régulièrement, à bien échauffer le cheval, et à procéder à une bonne récupération active. Ca limite les risques.
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Dans le cas d’une remise au travail après un arrêt, il est également recommandé d’établir un programme très progressif.
Aussi, il va sans dire que les chevaux étant des animaux fait pour vivre dehors, il est chaudement recommandé de leur éviter des jours complets au box.
On préfèrera d’ailleurs un environnement calme, avec des sorties quotidiennes et à heures fixes pour éviter tout stress lié au changement. 🧘♀️
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2️⃣ La gestion de l’alimentation 🥕
Pour les cas récurrents, la prévention va plus loin. En effet, comme expliqué précédemment, la PSSM étant une maladie liée à une mauvaise absorption de l’énergie, l’une des clés réside dans la bonne gestion de l’alimentation. Ainsi, pour ces chevaux, une alimentation pauvre en amidon est chaudement recommandée.
Le fait de baisser le niveau d’amidon permet d’apporter moins de glucose dans le sang et donc d’empêcher les cellules musculaires de stocker ce glucose sous forme de polysaccharides. En effet, c’est ça qui crée les crises chez les chevaux atteints de PSSM.
Aussi, le fait d’avoir un aliment riche en amidon entraîne de fortes décharges d’insuline qui entraîneraient des changements d’humeur plus importants (à cause de la sérotonine), ce qui peut causer des crises chez les chevaux atteints de RER.
Idéalement, il faudrait mettre en place une alimentation riche, voire composée entièrement de fourrages, et complémentée en matières grasses (avec de l’huile Isio 4 par exemple).
Les jours où l’entraînement est moins important ou dans le cas d’arrêts prolongés, la quantité d’aliments est elle aussi baissée pour éviter toute surcharge. C’est contraignant mais c’est très important.
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3️⃣ Les compléments alimentaires
Votre vétérinaire pourra également vous proposer une complémentation en vitamine E et sélénium pour protéger les cellules musculaires face au stress oxydatif.
Conclusion
La rhabdomyolyse, ou myosite ou coup de sang du cheval est une maladie musculaire douloureuse, assez facilement reconnaissable mais pour laquelle il faut connaître les premiers gestes.
Si votre cheval est sujet aux myosites, la prévention est indispensable et passe par une adaptation de l’environnement (qui doit être calme), de l’entraînement (qui doit être régulier et progressif), et de l’alimentation (qui doit être pauvre en amidon et riche en fourrages).
C’est une pathologie très contraignante pour le propriétaire, mais qui, quand elle est bien gérée, n’empêche pas le cheval d’avoir une carrière sportive normale.
Camille Saute,
Responsable R&D chez Equisense.
Sources
[1] A. Courouce-Malblanc, C. Daix, B. Ferry, et D. Votion, « Le syndrome coup de sang », Equipaedia, 2015. [En ligne]. Disponible sur: Equipaedia. [Consulté le: 15-févr-2019].
[2] « Coup de sang chez le cheval », Classequine. [En ligne]. Disponible sur: Classequine. [Consulté le: 15-févr-2019].
[3] M. Delerue, « Des coups de sang récurrents : la PSSM ? », 2018. [En ligne]. Disponible sur: EquiVOD. [Consulté le: 15-févr-2019].
[4] “Les « coups de sang » chez le cheval (myosite)”, Reverdy. [En ligne]. Disponible sur: Reverdy. [Consulté le: 20-févr-2019].