Comment mieux voir ses foulées à l’obstacle ?
Vous cherchez désespérément une recette miracle pour voir vos foulées à l’obstacle ? J’ai ça en stock, mais c’est sûrement très différent de ce que vous pouviez imaginer 🙄
Table des matières
Moi non plus, je ne vois pas mes foulées 🥶
Allez, j’ose le dire en premier : j’avoue, je ne vois pas mes foulées à l’obstacle. Enfin si, je vois quand ça vient bien et je sais quand ça vient mal, mais je ne sais pas comment réagir dans ces cas là. Ma première réaction : ratatiner pour me laisser un peu plus de temps.
🚨 Problème : je fais perdre toute l’énergie de ma jument, et le saut est mauvais. Pour peu que vous ayez comme moi, un cheval qui n’est pas “savant” à l’obstacle et/ou qui n’a pas une puissance phénoménale, ça peut vite être “folklorique”, et vous freiner dans votre progression.
Pourtant très récemment, j’ai eu l’occasion de discuter de tout ça avec Victor Levecque et Thomas Stempffer. Leur faisant part de ce défaut majeur, Thomas m’a répondu tout simplement :
“Il n’est pas question de bonne ou de mauvaise distance, il est uniquement question d’avoir le bon galop et la bonne position pour que ton cheval puisse aller sauter, en équilibre et sans que tu ne le gênes, quelle que soit la distance qui arrive.”
(silence de ma part 🧐)
“C’est pas faux…”
(réponse d’une ingénieure qui vient de se rendre compte que son problème fondamental et si complexe a finalement une solution simplissime et évidente)
Après y avoir longuement réfléchi, je me suis rendue compte qu’à l’époque où je faisais du complet, je ne m’étais jamais posée cette question de la bonne place. Pourquoi ? Parce qu’en complet c’est simple : tu avances, tu tends et tu attends. Ça vous dit quelque chose ? 😉
Je laisse donc la parole au principal intéressé, Thomas Stempffer, instructeur et cavalier professionnel, qui va vous expliquer comment mieux voir vos foulées à l’obstacle.
Comment faire quand on ne voit pas ses foulées à l’obstacle ?
Si la question obsède bon nombre de cavaliers amateurs, les réponses qui leur sont données sont souvent décevantes, voire frustrantes.
Il existe pourtant plusieurs méthodes d’entrainement qui permettent à chacun d’améliorer sa visualisation. Rassurez-vous, si vous « n’en voyez pas une » votre cas n’est pas désespéré.
Salim Ejnaini par exemple, cavalier malvoyant, ne peut pas « voir ses foulées » au sens propre… Comment est-il donc capable d’offrir de bonnes distances à ses chevaux alors qu’il est littéralement plongé dans le noir ?
C’est quoi une bonne distance ?
Pour le comprendre, il est essentiel de bien définir ce que signifie une bonne distance.
La bonne distance est simplement une foulée que le cavalier va réussir à anticiper. Grâce à une bonne gestion de son équilibre sur le dos du cheval, il lui permettra d’utiliser son corps de manière naturelle au-dessus de l’obstacle.
Au contraire, une mauvaise distance est une foulée qui ne va pas permettre au cheval de vous donner un saut harmonieux. Même si vous avez anticipé cette mauvaise distance, une faute surviendra si vous n’avez pas été en mesure d’adapter votre équilibre et celui de votre cheval à un saut délicat. Vous allez le subir, non sans une certaine crispation. Dans 95% des cas, cette désynchronisation du couple provoquera le « 4 points » tant redouté.
📚 A lire aussi : Comment faire quand on a peur à cheval ?
Mais comment font les pros ?
C’est précisément là que se trouve toute la nuance entre un cavalier pro et un cavalier amateur. Les meilleurs ont la capacité de mettre leurs chevaux dans des dispositions physiques qui leur permettent de bien franchir les obstacles qui se profilent. Les superstars comme Marcus Ehning ou Luciana Diniz, savent quant à eux le faire discrètement et en un temps record. Ils préservent ainsi leurs montures de toute contraction, tout en restant très efficaces.
Ils ont appris à gérer parfaitement leur corps en toutes circonstances et se sont débarrassés des mouvements parasites qui viendraient brouiller leur connexion à l’animal. La qualité de leur visualisation vient avec l’expérience et la répétition, ce n’est pas un don du ciel.
👉🏻 En savoir plus : La méthode Butterfly de Luciana Diniz
Penser que certains voient toutes leurs distances est une croyance limitante dont il faut à tout prix vous débarrasser. Vous ne devez pas croire non plus que si la distance qui se profile n’est pas parfaite, une barre va tomber. Si votre cheval est dans les bonnes dispositions et qu’il a les capacités physiques pour franchir, ce sont votre détermination et votre décontraction qui feront la différence. Travaillez sur vous, votre position, votre équilibre, avant tout ! Vous serez ainsi toujours prêt(e) à suivre harmonieusement les sauts de votre cheval, quelles que soient les distances qui viendront à vous. 🧘♀️
Le secret pour voir vos foulées : le bon galop et la bonne position
🎯 Votre attachement aux distances parfaites est une bonne chose car il constitue un bon objectif, et des repères visuels importants.
Par contre, cela devient nuisible à l’équitation quand cet objectif se fait écrasant et que vous vous concentrez sur autre chose que les moyens qui vont vous permettre d’y parvenir : votre stabilité sur vos pieds tout d’abord, puis les notions d’amplitude, de légèreté, de symétrie et de rectitude en ce qui concerne votre cheval. En somme, la bonne position et le bon galop ! 👌
📚 A lire aussi : Cadence, vitesse, amplitude.. c’est quoi la différence ?
Pour mieux voir vos foulées, ne soyez donc pas trop perfectionnistes. Au lieu de vous demander comment trouver une distance, cherchez dans vos sensations des repères fiables qui vous prouvent que votre cheval et vous êtes dans les bonnes dispositions pour sauter. Vous devez rester concentré(e) sur votre corps quoiqu’il arrive car votre œil ne fait pas tout.
Malheureusement il faut se résoudre à accepter que les distances sont comme les relations amoureuses : plus on les cherche et moins on les trouve. 😁
⏩ En résumé, comment voir ses foulées :
Si on résume tout ça, retenez qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise distance. Il n’y a que des cavaliers capables d’anticiper et d’accompagner la foulée qui vient sans gêner le cheval.
Et pour ça, les deux seuls ingrédients sont :
1/ le bon galop (donc la bonne amplitude et la bonne cadence) pour permettre à votre cheval de franchir l’obstacle quelle que soit la distance.
2/ le bon équilibre, en souplesse et en légèreté, pour accompagner tous les sauts.
Donc on avance, on tend et on attend. C’est pourtant simple non ? 😇
A très vite pour un prochain article,
Thomas Stempffer & Camille Saute
Tout est dit, j’adore !
Parce que moi non plus je n’ai pas honte de dire que je ne vois pas mes foulées, sauf que moi, je m’en fous parce que si j’ai le bon galop et que je ne passe pas devant, je sais que mon cheval sera en mesure de faire un bon saut. Après tout, je suis juste une cavalière amateur (de complet), qui veut juste se faire plaisir à cheval sans que cela lui coûte d’aller travailler
Et vous avez parfaitement raison ! Quand je faisais du complet, je ne m’étais jamais vraiment posé la question non plus ! Et finalement, ça se passait presque mieux comme ça 😉 La jument choisissait la distance sur laquelle elle était à l’aise, et je ne la gênais pas. Finalement, à notre niveau c’est peut être simplement ce qu’on doit faire !